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Les commerces se préparent à un déconfinement «très difficile»

Centre-ville
La rue Sainte-Catherine, à Montréal, est occupée par des centaines de commerces. Photo: Archives Métro

Il faudra s’attendre à un mois de mai «très difficile» pour les commerces de Montréal, même si plusieurs d’entre eux entameront le processus de déconfinement dès le 11 mai prochain. La société de développement commercial qui représente les commerçants du centre-ville s’attend d’ailleurs à ce que «l’immense majorité» de ceux-ci soient déficitaires, vu le manque de clientèle.

«L’achalandage va énormément dépendre du nombre de travailleurs qui vont revenir au centre-ville. En temps, normal on parle de 400 000 à 500 000 personnes qui y transitent chaque jour. Sans cette quantité-là, plusieurs vont avoir du mal à même justifier une réouverture», explique à Métro le directeur de la SDC Destination Centre-Ville (DCV), Émile Roux.

Mardi, le gouvernement Legault a annoncé que les détaillants ayant un accès direct à l’extérieur pourront ouvrir à compter du 11 mai dans la région de Montréal. DCV, qui représente plus de 4700 entreprises, dit étudier plusieurs façons de «relancer l’activité économique».

«Les premières semaines vont être critiques. Ça sera un mois déficitaire pour l’immense majorité des commerces. Il faudra voir ce que l’aide au loyer pourra amener.» -Émile Roux, de Destination Centre-Ville

La situation sera d’autant plus complexe, selon lui, car les commerces devront recruter du personnel et mettre en place des mesures sanitaires rapidement pour entamer le déconfinement. «Ils vont devoir avoir des plexiglass, se procurer des masques, des distributeurs de désinfectant. Tout ça a un coût qu’on va devoir assumer en plus du reste», prévoit M. Roux. Son association mettra par ailleurs sur pied des corridors sanitaires sur la rue Sainte-Catherine, ainsi que des vélos-stations, pour «rassurer le public».

Qu’arrivera-t-il des centres d’achat?

Interpellé par Métro, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, indique qu’il faudra bientôt se pencher sur la question des centres d’achat, qui demeurent pour l’instant fermés pour «éviter les rassemblements».

«On va s’apercevoir éventuellement que dans les centres d’achat, où une bonne partie des commerces sont, c’est possible d’avoir une densité moindre comme sur la rue. Je m’attends à ce que d’ici un mois, tout ça soit clarifié.» -Michel Leblanc, de la CCMM

M. Leblanc affirme que malgré une baisse de consommation envisageable, les Montréalais seront au rendez-vous. «Il y a beaucoup de gens qui ont continué d’être rémunérés sans pouvoir consommer, dit-il. Ils vont se retrouver avec un certain pouvoir d’achat, d’autant plus qu’ils savent qu’ils ne feront pas de voyage cet été. On espère que ça soutiendra la relance locale.»

Québec devra aussi «clarifier la situation dans les hôtels» à l’approche de la saison estivale, selon lui. «C’est un cercle vertueux. Si les gens sont payés, et qu’ils ont les moyens de consommer, la roue économique va forcément repartir», lâche le président.

Commerces prêts pour la distanciation

Selon un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), plus de 90% des PME au Québec estiment pouvoir rouvrir en respectant la distanciation sociale, en plus de fournir des masques à leurs employés en vue du déconfinement. «Nous avons hâte de voir les mesures qui seront demandées. On aura besoin de la collaboration des municipalités», illustre Jean-Pierre Bédard, au regroupement des SDC du Québec.

À la Chambre de commerce et d’industrie du Sud-Ouest de Montréal (CCISOM), la directrice Anne-Marie Lelièvre est catégorique.

«Il est temps pour certaines entreprises d’évaluer la possibilité de revoir certaines parties de leur modèle d’affaires pour prévenir de futures problématiques.» -Anne Marie-Lelièvre, de la CCISOM

Même son de cloche pour le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM), Billy Walsh. «On doit s’adapter et se conformer. Les modèles d’affaires changeront, la créativité sera au rendez-vous pour les entrepreneurs. On va appuyer les commerçants au maximum», promet-il.

Le directeur de la SDC des Quartiers du Canal, Robert Laramée, affirme pour sa part que des discussions ont déjà été entamées pour «faire des achats regroupés pour tous les produits et équipements sanitaires nécessaires à la réouverture». «On va consulter nos commerçants sur les besoins les plus urgents, entre autres le nettoyage de leur commerce ou les besoins en employés», dit-il.

Enfin, à la SDC Jean-Talon, le président Paul Micheletti estime que l’essentiel sera de convaincre la clientèle de revenir magasiner. «Ça va être important de bien faire la réouverture. Nos clients doivent avoir confiance, sinon ils ne viendront pas», conclut-il.

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