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La piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal divise les résidents

avenue du Mont-Royal
Alors que la piétonnisation de l'avenue du Mont-Royal connaît un certain succès auprès des commerçants, la pression monte dans le Mile End pour réclamer une rue partagée dans le quartier. Photo: Josie Desmarais/Métro

Applaudie par les uns, honnie par les autres, la piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal divise les résidents qui demeurent sur l’artère et ses rues transversales, a constaté Métro.

Lundi après-midi, les passants étaient peu nombreux sur l’artère commerciale principale du Plateau-Mont-Royal, alors que le mercure dépassait les 30 degrés Celsius. Depuis la semaine dernière, des bollards et des cônes orange bloquent la circulation automobile sur l’avenue afin de réserver celle-ci aux piétons. Cette piétonnisation devrait prendre fin le 1er novembre.

Lors d’une balade sur place, Métro a rencontré plusieurs résidents du secteur pour recueillir leurs impressions sur cet aménagement temporaire, qui ne laisse personne indifférent.

«Tout notre quotidien est lié à cette rue-là», souligne Linda Vallée, qui demeure depuis 20 ans à quelques pas de l’avenue du Mont-Royal, sur une rue transversale. Depuis 12 ans, elle et son mari n’ont plus de voiture et font toutes leurs emplettes à pied. «C’est plus plaisant de pourvoir marcher dans la rue. On voit des boutiques qu’on ne voyait pas avant», constate-t-elle.

Alors que le couple à la retraite souhaite voir l’avenue devenir piétonne de façon permanente, d’autres résidents du secteur ne manquent pas de critiques à l’égard de cet aménagement temporaire, pour lequel ils déplorent de ne pas avoir été consultés.

«L’avenue repousse les gens […] C’est vraiment triste.» -Juliette Trolio, résidente et commerçante de l’avenue du Mont-Royal

L’endroit semble s’être rempli en soirée, à en croire quelques photos diffusées par l’administration Plante.

Conflits avec les cyclistes

Les principales critiques proviennent notamment du fait que des cyclistes continuent de circuler à vive allure sur l’avenue, ce qui peut créer des conflits avec les piétons qui marchent au milieu de l’artère. «Quand on y va cinq minutes, on réalise rapidement qu’on peut se faire frapper par un cycliste à tout moment», soulève Pierre Lemay, qui demeure sur l’avenue des Érables, qui croise l’artère.

«Une piétonnisation, ce n’est pas pour les cyclistes. Les vélos, ils peuvent aller sur Rachel. Alors moi, j’invite le monde à respecter les espaces», a d’ailleurs réagi lundi après-midi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en marge d’une conférence de presse. 

Actuellement, les policiers de Montréal se contentent de sensibiliser les cyclistes qui circulent sur l’artère. Les patrouilleurs pourraient toutefois remettre des constats d’infraction aux contrevenants une fois que la signalisation finale du projet sera en place, indique le SPVM par courriel.

«Les ruelles se transforment en pistes de course», déplore pour sa part Carole Lacroix, qui constate un accroissement de la circulation sur les transversales de l’avenue du Mont-Royal depuis sa piétonnisation, qui s’inscrit dans le Plan de déplacements estival de la Ville.

Transport en commun affecté

En entrevue à Métro, une porte-parole de la STM, Isabelle Tremblay, a indiqué que tous les arrêts de bus de la ligne 97 ont été déplacés sur le boulevard Saint-Joseph, plus au nord. Des impacts similaires se font aussi sentir sur les autres lignes de bus qui traversent normalement cette artère.

«Les rues piétonnes, on traite ça comme des chantiers, donc on fait du déroutage», illustre Mme Tremblay.

Dans une lettre ouverte publiée lundi, plusieurs organismes qui se portent à la défense des personnes à mobilité réduite déplorent les impacts des nouvelles rues piétonnes sur leurs déplacements quotidiens.

«Le Plateau est déjà un secteur où c’est difficile de circuler en voiture [en temps normal], donc c’est sûr que la piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal vient compliquer les déplacements en transport adapté», souligne la directrice adjointe du Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal, Valérie Huot.

Plusieurs résidents contactés par Métro appréhendent pour leur part d’avoir à marcher une longue distance sur l’avenue piétonne avec de lourds sacs d’épicerie pour se rendre à leur domicile cet été. «Ça prend un équilibre et c’est ça qui manque […] On a besoin d’une voiture quand les paquets sont lourds», souligne Mme Trolio, âgée 64 ans.

Un contexte «particulier»

Lundi après-midi, la mairesse Valérie Plante a martelé que le contexte «particulier» de la crise sanitaire nécessitait d’agir rapidement pour faciliter le respect de la distanciation physique à Montréal cet été.

«La COVID, c’est maintenant. La santé publique nous disait qu’il fallait se distancer et respecter le deux mètres. Comme administration, on a décidé de poser des gestes pour le faire respecter», a déclaré Mme Plante.

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