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Coronavirus: dépister auprès des itinérants, c’est payant

itinérant
Photo: Patrick Sicotte

Dépister quotidiennement les itinérants qui présentent des symptômes de la COVID-19 diminue les infections au coronavirus et coûte moins cher que d’autres stratégies de dépistage, révèle une étude publiée dans la revue médicale Journal of the American Medical Association (JAMA). Et Montréal s’active en la matière.

En effet, les chercheurs ont constaté que les stratégies de dépistage quotidien des symptômes dans les sites de soins alternatifs étaient plus efficaces pour prévenir les infections que celles avec un test PCR universel toutes les deux semaines seulement.

Comparé à l’absence d’intervention, le fait de dépister quotidiennement les symptômes dans les ressources pour itinérants était associé à 37% d’infections en moins.

Au final, le dépistage avec des sites de soins alternatifs équivalait moins d’infections, moins de jours d’hospitalisation et des coûts moins élevés (3,27 à 4,14 M$) que l’absence d’intervention (6,10 M$). À l’opposé, des stratégies hospitalières avaient des coûts plus élevés (12,20 à 12,91 M$) que l’absence d’intervention.

Des mesures Montréal

La semaine dernière, le refuge montréalais Open Door a dû fermer ses portes pendant quelques jours en raison d’une épidémie de COVID-19.

Les usagers ont été transportés vers un des hôtels réservés par la ville. Les organismes communautaires qui œuvrent auprès des sans-abris font tout pour éviter ce genre de situation.

«On n’a pas le choix parce que si on ferme, ça va affecter des centaines et des centaines de personnes», explique la directrice générale de l’Accueil Bonneau, Fiona Crossling. 

En effet, si une éclosion survient, la Direction régionale de santé publique (DRSP) travaille de concert avec les équipes territoriales de santé publique des CIUSSS pour organiser des activités de dépistage mobile. 

«Selon les résultats des enquêtes et des tests, des mesures seront mises en place afin de contrôler l’éclosion et d’isoler les personnes à risque», précise le conseiller aux relations médias du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Eric Forest.

Dépistage de masse

La semaine dernière, un premier dépistage de masse a eu lieu dans des refuges pour itinérants de l’est de Montréal, explique le directeur général du CARE, Michel Monette.

«Il y avait trop d’éclosions et de risques d’éclosion. On avait au CARE quelques personnes qui étaient considérées à risque. À ce moment, on voulait juguler une éclosion possible. Il était préférable de faire un dépistage d’urgence», explique-t-il.

Durant deux jours, les usagers du CARE et du Cap St-Barnabé ont eu la possibilité de se faire tester grâce à une équipe mobile.  

Le but de cette opération était d’éviter un bris de service, ajoute Michel Monette. «C’est une catastrophe, c’est très compliqué de réacheminer les gens et de les réaffilier. Ça coûte très cher aussi», dit-il.

Deuxième vague

Fiona Crossling explique que les organismes communautaires ont appris de la vague un. 

En effet, ce printemps, un cas positif a forcé l’équipe de l’Accueil Bonneau a envoyé tous les résidents se faire tester en taxi. «Ce n’était pas l’idéal, affirme Mme Crossling. Donc, dans la deuxième vague, on a prévu d’autres processus pour répondre aux besoins.»

Or, aucun cas n’a été déclaré jusqu’à présent. 

Pour Michel Monette au CARE, c’est plutôt le contraire. «On a été épargné au courant de la vague 1 où on avait eu seulement quelques cas. Dans la vague 2, on est un peu plus frappé», dit-il.

Il explique cela par la hausse des cas au sein de la population en générale. «Iy a plus de gens positifs dans la vague deux que la vague un. C’est la même chose à ce moment là dans la population itinérante. On veut s’assurer d’éviter les transferts», ajoute M. Monette.

Ce printemps, il pouvait envoyer des usagers se faire dépister dans les centres, mais aucune équipe mobile ne leur était réservée. 

Mesures en place en tout temps

Comme ailleurs, les refuges ont des mesures sanitaires et des protocoles à suivre. «Dans n’importe quel milieu de vie, le risque de contamination est là. Au CARE, il y a 150 personnes qui habitent ici. Le risque est donc plus grand à cause de ça», souligne Michel Monette.

Si une personne en situation d’itinérance présente des symptômes en lien avec la COVID, elle peut se présenter dans tous les centres de dépistage de la région, explique Eric Forest.

«Une trajectoire a été élaborée et ces personnes pourront être isolées durant l’attente de leur résultat dans ce que l’on appelle une ‘zone orange’, écrit-il. Selon leur résultat, elles seront référées vers le bon milieu pour leur isolement.»

 

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