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Logement: une hausse des loyers plus faible pour les locataires en 2021

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Des logements à Montréal. Photo: Josie Desmarais/Métro

De nombreux locataires peuvent s’attendre à recevoir une augmentation de leur loyer plus faible que l’an dernier, en 2021, d’après le nouveau calcul réalisé à cet effet par le Tribunal administratif du logement (TAL).

Le locataire d’un logement non chauffé qui n’a subi aucune rénovation majeure l’an dernier peut s’attendre à voir son loyer augmenter de 0,8% en 2021, a indiqué le TAL mercredi sur son site web. L’an dernier, cette augmentation de base s’élevait à 1,2%.

«Si le propriétaire n’a pas fait de travaux importants et que les assurances n’ont pas augmenté de façon importante, les locataires devraient s’attendre à une hausse de leur loyer moins importante cette année. Si tu reçois une hausse plus importante [que l’an passé], ça devrait allumer une lumière rouge», soulève à Métro le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Maxime Roy-Allard.

En fait, presque tous les critères qui peuvent justifier une hausse du loyer sont en baisse en 2021. C’est notamment le cas pour les dépenses reliées à des rénovations, dont le pourcentage applicable passe de 3,1 à 2,3%.

«C’est sûr que c’est une bonne nouvelle pour les locataires [dont le logement a fait l’objet] de rénovations importantes. Ils vont pouvoir s’attendre à des hausses de loyers moins importantes», se réjouit M. Roy-Allard. Il rappelle toutefois que plusieurs facteurs peuvent influencer le prix du loyer et que ce ne sont pas tous les propriétaires qui suivent les recommandations du TAL, autrefois appelé la Régie du logement.

43 ans pour rembourser des travaux

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) s’indigne pour sa part de ce nouvel indice de calcul du prix des loyers.

«C’est le pire rendement jamais accordé à des propriétaires pour des travaux majeurs», s’indigne son directeur des affaires publiques, Hans Brouillette, en entrevue à Métro. Par communiqué, la CORPIQ explique que les propriétaires ne pourront exiger cette année que 1,92$ d’augmentation de loyer pour chaque tranche de 1000$ de travaux effectués l’an dernier.

«Il faut donc théoriquement 43 ans pour récupérer cette dépense, soit bien plus que la durée de vie utile de ce qui est rénové», peut-on lire. Un tel indicateur risque par le fait même de décourager des propriétaires à rénover leur logement, alors même que «la désuétude du parc locatif ne fait qu’empirer», déplore la CORPIQ.

Gel des taxes

Les frais d’entretien et les frais de gestion auront aussi moins de poids dans les hausses de loyer, cette année. La hausse du loyer reliée au «revenu net» du propriétaire, qui avait plus que doublé l’an dernier pour atteindre 1%, redescend pour sa part à 0,6% cette année.

Par ailleurs, la décision de l’administration de Valérie Plante de geler la hausse des taxes foncières gérées par la ville-centre devrait aussi avoir pour effet de limiter cette année l’ampleur des hausses de loyer à Montréal.

La CORPIQ prévient toutefois que «les hausses de coûts de gestion immobilière liés à la pandémie et de main-d’œuvre en général, de même que l’explosion des primes d’assurance depuis quelques années, auront l’effet inverse».

Dans ce contexte, M. Roy-Allard se désole de constater que Québec refuse jusqu’à maintenant de mettre en place un gel des loyers en 2021. Une demande que partagent plusieurs organismes communautaires de même que Québec solidaire, notamment.

«C’est extrêmement décevant que le ministère de l’habitation ne veuille pas venir en aide aux locataires qui ont besoin d’aide. Un gel des loyers, pour plusieurs, ça peut faire une différence importante.» -Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ

Au moment de mettre en ligne, le cabinet de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, n’avait pas réagi.

Plus de logements pour les locataires

La CORPIQ a par ailleurs publié mercredi les résultats d’un sondage qu’elle a mené en décembre auprès de 2372 propriétaires ou gestionnaires de logements membres de son organisation. Elle affirme avoir constaté que le taux d’inoccupation des logements à Montréal serait passé d’environ 1,5% à 6% depuis le début de la pandémie.

«Un taux aussi élevé annonce une période de relocation plus difficile pour les propriétaires, mais offrant plus de choix pour les locataires montréalais», analyse la CORPIQ.

En novembre, un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement faisait d’ailleurs état d’une hausse importante du nombre d’appartements à louer dans les quartiers centraux de la métropole. Une situation qui ne serait pas étrangère à la chute du tourisme, qui a incité plusieurs propriétaires de logements de type Airbnb à se tourner vers la location à long terme.

«Ça réduit la pression sur le marché locatif, mais ça ne crée pas plus de logements abordables», soulève pour sa part M. Roy-Allard.

«On n’a pas plus de logements sociaux ou de logements qui peuvent correspondre aux besoins des ménages à plus faibles revenus», ajoute-t-il.

À cet égard, le comité exécutif de la Ville de Montréal a confirmé mercredi l’octroi d’une subvention de près de 6,14 M$ à la coopérative d’habitation Le Trapèze afin de permettre à un projet de 40 logements sociaux de voir le jour dans Ville-Marie.

«Nous mettons tous nos efforts depuis le début [de notre mandat] dans la conservation et le déploiement d’une offre de logements sociaux et abordables afin d’assurer l’accessibilité de notre parc locatif», a fait valoir à Métro le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

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