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Logement: les besoins sont criants auprès des jeunes à Montréal

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Des logements à Montréal Photo: Archives Métro

Les jeunes locataires se retrouvent dans «l’angle mort» des politiques publiques en matière de logement à Montréal, constate un organisme, qui demande à la Ville de tenir compte des besoins de ceux-ci dans sa gestion du marché locatif.

Dans un rapport étoffé dont les élus du comité exécutif ont pris connaissance mercredi matin, le Conseil jeunesse de Montréal (CJM) dresse un portrait des nombreux défis auxquels font face les étudiants post-secondaires et les jeunes familles dans leur quête d’un logement abordable dans la métropole.

«Essentiellement, ce que l’avis dit, c’est que la jeunesse, c’est un angle mort des politiques publiques [de la Ville] pour faciliter l’accès au logement», résume à Métro le président du CJM, une instance consultative de la Ville, Benjamin Herrera.

Le document, de plus de 120 pages, fait d’ailleurs état d’une «situation précaire» pour un grand nombre de jeunes âgés en moyenne de 17 à 30 ans. Étant dans bien des cas aux études, ceux-ci logent dans les quartiers centraux de la métropole, où se concentrent les principaux cégeps et universités. Les étudiants locataires se retrouvent donc à payer un loyer nettement plus élevé que la moyenne, à Montréal, alors même que leurs revenus oscillent généralement entre 10 000 et 15 000$, illustre le rapport.

Un enjeu qui prend de l’ampleur

La situation financière des jeunes locataires devient d’ailleurs de plus en plus précaire à mesure que les loyers continuent d’augmenter annuellement plus vite que leurs revenus, soulève M. Herrera, qui constate une «érosion de l’abordabilité» sur le marché locatif montréalais.

«Quand tu quittes le nid familial et que tu entres sur le marché locatif, tu n’as accès qu’aux logements disponibles maintenant. Ce qui fait que quand le marché locatif se resserre et que les loyers augmentent, les jeunes sont les premiers qui en écopent», soulève d’ailleurs à Métro le directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), Laurent Levesque.

L’an dernier, les loyers ont augmenté en moyenne de 4,6% sur l’île de Montréal. Il s’agit de la croissance la plus élevée depuis 2003 dans la métropole. La pandémie a d’ailleurs frappé durement les jeunes l’an dernier, ceux-ci étant nombreux à travailler dans des commerces, des restaurants et d’autres secteurs économiques qui ont écopé des règles sanitaires. Des emplois «fragiles» où les mises à pied sont fréquentes, rappelle M. Herrera, qui réalise actuellement une maîtrise en droit.

Dans des cas extrêmes, des jeunes peuvent même se retrouver à la rue, faute d’avoir les moyens de se loger. Selon un dénombrement effectué en 2018, les jeunes de 18 à 24 ans représenteraient 20% de la population itinérante de la métropole, souligne le rapport.

«Malgré une implication active de la présente administration en matière de logement ces dernières années, la réalité des jeunes ne cesse de se dégrader, accentuée par un double phénomène de crise du logement et de crise sanitaire.» -Extrait du rapport du CJM

Des logements sociaux inaccessibles

Par ailleurs, alors que 68% des étudiants de la métropole sont locataires, à peine 0,7% d’entre eux demeurent dans un logement social, peut-on lire. Une situation que l’on peut associer au manque d’offre en la matière, mais aussi aux contraintes auxquelles les jeunes font face dans l’accès à ce type de logement. Les étudiants à temps plein ne répondent par exemple pas aux critères d’admissibilité de l’Office municipal d’habitation de Montréal, sauf exceptions.

Ces jeunes locataires, souvent à faibles revenus, se retrouvent alors «prisonniers» du marché locatif privé, laisse tomber M. Herrera.

«Malgré cette grande précarité, les jeunes ont très peu accès aux logements sociaux, coopératifs ou abordables. Ils sont souvent dans l’angle mort de nos programmes en raison du caractère transitoire de leur statut d’étudiant et de leur statut de jeune», a d’ailleurs reconnu mercredi la responsable de l’inclusion sociale au comité exécutif, Nathalie Goulet.

Des logements abordables destinés aux jeunes

Afin d’éviter aux jeunes locataires de dépendre du marché locatif privé pour se loger, le CJM recommande donc à la Ville d’inclure «la réalité des jeunes» dans ses projets de développement immobilier. Pour ce faire, le rapport propose à l’administration de Valérie Plante de s’inspirer de Boston en se donnant une «cible ambitieuse», à l’horizon 2030, en matière de création de logements abordables destinés aux jeunes.

Dans les dernières années, quelques projets du genre ont vu le jour à Montréal, notamment dans l’écoquartier du Technopôle Angus et près de l’Université Concordia. Les besoins sont toutefois encore très grands, confirme M. Levesque.

«C’est une question d’innovation, surtout considérant qu’en ce moment, on ne réussit pas à répondre à la demande», indique-t-il.

Le rapport recommande aussi la création d’un registre des loyers pour éviter aux jeunes de subir des «augmentations abusives» de leur loyer. La Ville est aussi pressée d’améliorer «sa coordination» avec Québec et Ottawa en matière de financement du logement abordable sur son territoire.

Pendant la séance du comité exécutif, Mme Goulet a promis que la Ville donnera suite aux recommandations de ce rapport. Celui-ci fera par ailleurs l’objet d’un dépôt à la prochaine séance du conseil municipal, le 22 février.

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