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Comment la pandémie affecte notre manière d’occuper l’espace public?

La Santé publique de Montréal invite les personnes ayant récemment fréquenté un bar à se faire dépister
Les restaurants et bars de l'avenue du Mont-Royal en juin 2020. Photo: Josie Desmarais/Métro

La crise sanitaire a changé la manière dont les Montréalais occupent l’espace public. Si certains pensent que ce changement est là pour rester et qu’il est même une partie de la solution à la relance économique, d’autres restent plus prudents.

Au printemps dernier, la Ville de Montréal a mis en place une série de mesures pour permettre aux Montréalais de profiter sécuritairement de l’espace public dans le contexte pandémique.

L’administration désire répéter l’exercice cet été en transformant 10 artères commerciales en rues piétonnes.

Chargé de cours en urbanisme à l’Université de Montréal, Pierre Barrieau est d’avis que  ces aménagements (terrasses, des rues piétonnes et des rues partagées) pourraient devenir une habitude à condition que la Ville se prépare davantage.

«S’ils tirent bien leur épingle du jeu en 2021, ces mesures-là vont devenir récurrentes année après année et être ancrées dans nos habitudes», croit-il.

Le professeur juge que la «machine est bien rodée, mais la Ville devra consulter les citoyens afin de corriger les problèmes de l’année dernière.»

Des aménagements déjà dans l’air du temps

De son côté, le directeur général de la Société de développement commercial (SDC) de l’avenue Mont-Royal, Claude Rainville, fait valoir que la crise sanitaire a accéléré certains changements.

«Dans la foulée de la lutte aux changements climatiques, c’était déjà dans l’air de dire: il faut repenser l’espace public, l’accessibilité à nos quartiers et tout ce qui touche la mobilité», dit-il.

Pour lui, la fonction commerciale fait partie intégrante du domaine public au même type que les parcs, les bibliothèques ou les espaces publics. «Dans cette optique-là, le commerce devient un lieu de rencontre et d’échanges. On y retrouve les mêmes éléments que dans un parc. On veut s’y sentir en sécurité et on veut qu’il y ait des choses intéressantes à découvrir. L’expérience de magasinage va dans ce sens-là.»

Le pari des rues commerciales

D’ailleurs, Pierre Barrieau estime que les quartiers centraux gagnent à offrir un endroit où les consommateurs peuvent marcher de commerce en commerce. «Toutes les rues commerciales, comme Masson, comme Mont-Royal, s’en sont très bien sorties de la première phase de la crise par rapport à d’autres endroits», émet le professeur.

Même son de cloche du côté de Claude Rainville. La piétonnisation de l’avenue Mont-Royal «peut représenter une avancée importante» pour l’artère commerciale, croit-il.

D’ailleurs, M. Rainville indique que l’achalandage sur l’artère commerciale n’a cessé d’augmenter tout au long de la saison estivale. «Une chose est sûre, aucun de nos membres ne pense qu’il faut que ça redevienne comme avant pour toutes sortes de raisons», affirme-t-il.

Cependant, il estime qu’un projet de piétonnisation comme celui-là se bâtira sur plusieurs années.

Rues partagées, un modèle privilégié

Toutefois, l’aménagement d’une rue piétonne n’est pas la meilleure option pour toutes les SDC à Montréal.

En effet, les SDC Masson et Plaza St-Hubert se tourneraient davantage vers un modèle de rue partagée.

Le directeur exécutif de la SDC Plaza St-Hubert, Mike Parenteau, indique que l’artère commerciale compte beaucoup de détaillants et peu de coins de rue. «Ce n’est pas le moment de commencer à regarder une piétonnisation. On va avoir quelques événements à rue fermée, mais elle ne sera pas piétonne pour l’été», dit-il.

À la lumière des «résultats temporaires» des sondages auprès des membres de la SDC Masson, la tendance serait de piétonniser seulement une voie, indique le directeur général, Kheir Djaghri.

«Ce qui différencie la promenade Masson de beaucoup d’autres SDC, c’est qu’on est enclavé et on n’a aucun métro à proximité, souligne-t-il. Une rue piétonne, c’est bien, mais il faut qu’elle soit desservie.»

D’ailleurs, M. Djaghri pense que «ce n’est pas le virus qui va changer le comportement des gens, mais plutôt une volonté politique».

Selon lui, les nouvelles habitudes engendrées par la pandémie, dont celles liées à l’utilisation de l’espace public, ne sont que temporaires. «On chasse le naturel et il revient au galop. Pour 2024, chacun va remettre la tête dans le guidon et va reprendre ses habitudes comme avant», mentionne-t-il.

Si les gens se réunissaient davantage dans les espaces publics, c’est qu’ils étaient contraints de le faire et n’avaient pas d’autres choix, ajoute M. Djaghri.

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