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Itinérance: vers un manque de financement pour les organismes?

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Le campement d'itinérants de la rue Notre-Dame a été démantelé en décembre. Photo: Josie Desmarais/Métro

Plusieurs organismes dans le milieu de l’itinérance à Montréal devront se contenter des niveaux historiques de financement, malgré l’augmentation importante des besoins en raison de la pandémie. Une situation décriée par plusieurs.

Mercredi, le comité exécutif de la Ville a renouvelé le financement de nombreux organismes communautaires en itinérance en octroyant un total de plus de 2,4 M$ pour financer 49 projets en 2021. La plupart de ces groupes communautaires recevront sensiblement la même somme qu’au cours des trois dernières années, a constaté Métro.

«Ça ne reflète plus les besoins, qui ont évolué en raison de la COVID-19», déplore la directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage. Dans ce contexte, des organismes «s’endettent» pour réaliser certains projets, déplore-t-elle.

Mme Savage aurait donc souhaité «un rehaussement significatif» du financement des groupes communautaires en itinérance cette année, dans le contexte de la pandémie.

«J’ai l’impression qu’il y a une dé-responsabilisation à un point effarant, où Montréal ne sent pas le besoin de revoir le financement de ses organismes», lance à Métro le porte-parole en matière d’itinérance au parti Ensemble Montréal, Benoit Langevin.

«Les groupes prennent l’argent, doivent faire le même projet [que l’année précédente], mais en fait s’endettent pour le faire.» -Annie Savage, directrice du RAPSIM

Des données périmées

Le dernier dénombrement, en 2018, avait fait état de 3149 itinérants dans la métropole, en hausse par rapport à l’exercice précédent, trois ans plus tôt. La tenue d’un nouveau dénombrement cette année devait permettre de confirmer la hausse du nombre de sans abri dans la métropole, et donc des besoins à combler. Or, la Ville a décidé de reporter cet exercice, jugeant trop «complexe» de tenir celui-ci en temps de pandémie.

«Si Montréal n’exprime pas ses besoins de façon sérieuse, on n’aura pas de réponse sérieuse de la part des paliers supérieurs», réplique Benoit Langevin. Selon lui, un décompte des itinérants dans la métropole cette année aurait justement permis à la Ville d’avoir des «données probantes» à présenter à Québec et à Ottawa.

«Elle se retrouve à faire des demandes [de financement] sans avoir un portrait réel de la situation», renchérit l’élu d’opposition.

Les investissements en lutte à l’itinérance font d’ailleurs partie des demandes de l’administration Plante en amont du budget provincial.

La Ville a par ailleurs retardé de six mois la tenue du bilan de son Plan d’action montréalais en itinérance 2018-2020, qui aura finalement lieu en juin.

La Ville défend ses actions en itinérance

Dans un courriel à Métro, la Ville précise qu’elle se base actuellement sur «les observations sur le terrain et les taux d’occupation des refuges pour évaluer les besoins et le nombre de gens en situation d’itinérance».

Elle rappelle d’ailleurs avoir mis en place un nombre record de lits d’urgence pour les personnes en situation d’itinérance depuis le début de la pandémie afin de combler la hausse des besoins et la capacité réduite des refuges traditionnels. On en compte plus de 1700 actuellement.

«Dans le contexte de la crise sanitaire que nous connaissons, Montréal a fait preuve d’agilité en déployant dès le début diverses mesures pour soutenir l’ensemble de la population et ne laisser personne derrière. La pandémie ayant accentué les inégalités sociales, la Ville continue sur sa lancée pour aider les personnes les plus vulnérables», ajoute la relationniste Gabrielle Fontaine-Giroux.

En 2021, la Ville a prévu investir 3 M$ dans la lutte contre l’itinérance, à même son budget.

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