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Hausse des crimes haineux: plus de ressources réclamées au SPVM

Marvin Rotrand
Le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand. Photo: Zacharie Goudreault/Métro

Alors que le nombre de crimes haineux dans la métropole serait en hausse en raison de la pandémie, des organismes pressent le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de bonifier ses ressources pour faire face à ce phénomène.

En 2016, le corps de police a annoncé la création d’une équipe spéciale sur les incidents et les crimes haineux. Celle-ci compte deux agents conseillers et deux sergents-détectives affectés exclusivement à répertorier ce type de crimes et à enquêter sur ceux-ci.

Or, au début du mois, La Presse rapportait que le nombre d’actes racistes et de crimes haineux à l’endroit de Québécois d’origine asiatique rapportés au SPVM a quintuplé depuis le début de la pandémie. Plusieurs autres communautés écopent aussi de ce type d’actes barbares. Le corps de police a notamment arrêté un homme dans la fin vingtaine, en janvier, après que celui-ci ait apposé des croix gammées sur une synagogue de Westmount, un geste antisémite condamné par la scène politique.

«Les incidents d’antisémitisme grimpent chaque année, surtout au Québec», affirme à Métro le directeur régional de B’nai Brith Canada dans la province, Matthew Ross.

La haine en ligne est aussi un phénomène croissant, constate l’organisme. Ce dernier a rapporté 796 incidents antisémites au Québec en 2019, en hausse de 12,3% par rapport à l’année précédente. Cela en fait la province canadienne où le plus grand nombre d’actes de ce type ont été répertoriés, devant l’Ontario.

Dans ce contexte, plusieurs organismes ont souligné jeudi leur appui à une motion du conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand. Le document, qui fera l’objet d’un débat pendant la prochaine séance du conseil municipal, la semaine prochaine, demande notamment une bonification du nombre d’agents au sein de l’unité spéciale du SPVM en matière de crimes haineux.

«En ce moment, il n’y a pas de policiers qui proviennent des communautés les plus touchées [par les crimes haineux]», souligne d’ailleurs à Métro le directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi. Ce dernier espère ainsi que le SPVM, s’il agrandit cette équipe, en profitera pour miser sur des agents issus de la diversité, qu’elle soit religieuse ou ethnique.

Manque de ressources

La motion réclame aussi que le SPVM fournisse un rapport annuel sur les crimes haineux qui détaillerait notamment «les groupes de victimes les plus ciblés» et les actes commis à leur endroit. Montréal emboîterait ainsi le pas à Toronto et à Vancouver, entre autres.

«Ça pourrait aider pour mieux éduquer et sensibiliser la population», estime M. Niemi. Cela permettrait aussi de confirmer la hausse des crimes haineux dans la métropole et de suivre l’évolution de la situation.

«Quand on n’a pas de données, c’est difficile d’avoir un portrait clair de la situation.» -Fo Niemi, directeur général du CRARR

Différents corps de police au pays ont aussi mis en place une ligne téléphonique spéciale pour les victimes de crimes haineux, une mesure que pourrait aussi prendre Montréal, selon M. Rotrand. Il propose aussi la tenue d’initiatives communautaires pour faciliter la communication entre la police et les différentes communautés qui subissent des crimes haineux à Montréal.

«Nous voyons ça comme un moyen de bâtir des ponts avec la police et de contribuer au dialogue», souligne le conseiller au bout du fil.

«C’est absolument inacceptable»

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, n’a pas voulu prendre position concernant cette motion, jeudi, préférant attendre que les élus du conseil municipal débattent celle-ci en début de semaine prochaine. Elle a toutefois assuré que son administration prend cet enjeu au sérieux, dans le contexte de la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques.

La mairesse a d’ailleurs fait part de son désarroi face à la violence verbale qu’ont subi dans les derniers mois plusieurs Montréalais d’origine asiatique. Des magasins ont aussi été vandalisés dans le Quartier chinois depuis le début de la pandémie.

«C’est absolument inacceptable et nous n’allons pas tolérer toute forme de violence, [que ce soit] contre une communauté ou une autre», a assuré Mme Plante, en marge d’une conférence au centre-ville.

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