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Agression sexuelle: une des Courageuses poursuit Gilbert Rozon au civil 

Agression sexuelle: une des courageuses poursuit Gilbert Rozon au civil 
Gilbert Rozon au Palais de justice de Montréal. Photo: Josie Desmarais/Métro

La comédienne Patricia Tulasne, aussi porte-parole du groupe d’une vingtaine de femmes surnommé les Courageuses, a intenté une poursuite civile contre Gilbert Rozon pour agression sexuelle.

Le procès fait suite à la décision de la Cour suprême du Canada de ne pas entendre la cause des Courageuses en Cour d’appel après que leur demande de poursuite en recours collectif ait été rejetée.

Le groupe de femme réclamait plus de 10 M$ en dommages à l’ex-producteur pour ce qu’elles allèguent avoir subi.

Dans sa nouvelle poursuite, Patricia Tulasne réclame 600 000$ en dommages-intérêts compensatoires et 1 M$ en dommages-intérêts punitifs pour l’agression sexuelle qu’elle aurait subie en 1994 à l’âge de 35 ans.

L’évènement se serait déroulé alors qu’elle jouait dans la pièce de théâtre Le dîner de cons, présentée au Festival Juste pour rire à la suite d’un souper. 

Le fondateur de Juste pour rire l’aurait «brutalement violée» après être entré «contre son gré» dans sa demeure au moment où il la raccompagnait, peut-on lire dans la demande introductive d’instance déposée au palais de justice de Montréal jeudi et dont Métro a obtenu une copie.

ll s’agissait alors de la première fois que la demanderesse rencontrait Gilbert Rozon.

La plaignante s’est «laissée faire»

Toujours selon la requête, M. Rozon a poussé la porte et s’est introduit de force dans son appartement. Il a alors plaqué la femme contre le mur, s’est jeté sur elle et s’est mis à déboutonner sa robe.

Par peur de représailles «tant personnelles que professionnelles», Patricia Tulasne se serait «laissée faire». «Le défendeur l’a traînée dans la chambre à coucher, a baissé son pantalon et à froid, sans mettre de condom, l’a agressée sexuellement. Après avoir éjaculé, le défendeur a remonté son pantalon et est parti», peut-on lire dans le document judiciaire.

Mme Tulasne allègue avoir confié l’agression à une amie le lendemain des évènements. Selon elle, l’événement aurait fait sombrer dans une «profonde dépression» avec «des idées noires». Elle affirme aussi être célibataire depuis ce temps.

«Alors qu’elle n’avait jamais eu de problème de consommation de drogues avant l’agression, entre 2004 et 2009 elle a vécu une période où elle sortait beaucoup, prenait de la drogue et vivait des relations éphémères avec des hommes plus jeunes, comportement qu’elle attribue au mal-être engendré par l’agression», souligne la poursuite.

Pendant plus de vingt ans, elle a subi les séquelles de cette agression, seule et en silence, écrivent les avocats de la plaignante, Me Bruce W. Johnston et Me Anne-Julie Asselin.

Acquitté

Rappelons que, dans la foulée du mouvement #MeToo en 2017, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a analysé près d’une quinzaine de plaintes contre Gilbert Rozon, dont une de Patricia Tulasne. 

Mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) en a retenu seulement une, celle d’Annick Charette qui accusait l’ancien magnat déchu de l’humour de viol et d’attentat à la pudeur.

Le procès s’est terminé le 15 décembre 2020 avec l’acquittement de Gilbert Rozon. L’homme a toujours nié catégoriquement toutes les allégations d’inconduite sexuelle qui le visaient.

Poursuite au civil

Patricia Tulasne est la première femme à intenter seule une poursuite au civil contre l’ancien patron de Juste pour rire.

Pour la directrice générale de JuriPop, Sophie Gagnon, cela démontre que les comportements qui sont reprochés à M. Rozon peuvent encore être débattus devant la justice.

Elle rappelle d’ailleurs que la décision de la Cour d’appel de refuser l’autorisation aux Courageuses de poursuivre en tant que recours collectif était «strictement procédural».

«La Cour d’appel ne s’est pas prononcée sur le bien fondé des allégations des Courageuses envers M. Rozon. Elle en est seulement venue à la conclusion que ce n’était pas par la voie de l’action collective que ces allégations devaient être débattues», explique Mme Gagnon.

En procédure criminelle, l’accusé a droit à certaines garanties prévues par la Charte des droits et liberté, comme la présomption d’innocence et le droit au silence. «Ces protections-là n’ont pas d’équivalent en matière civile. En matière civile, les parties se battent plus à armes égales», souligne Sophie Gagnon.

Règle générale, très peu de poursuite pour agression sexuelle sont faites au civil étant donné le coût des procédures.

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