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Une menace de grève plane sur le port de Montréal

manifestation des débardeurs lors d'une grève au port de Montréal
Des travailleurs ont manifesté le 10 août 2020 après le déclenchement d’une grève générale illimitée annoncée par le syndicat des débardeurs du port de Montréal (SCFP 375). Photo: Pablo A. Ortiz/Archives Métro

Le syndicat des débardeurs du port de Montréal a fait parvenir à l’Association des employeurs maritimes un avis de grève générale illimitée débutant lundi à 7h. Le milieu économique appréhende «des conséquences désastreuses».

Les débardeurs du port de Montréal, qui sont déjà en grève partielle concernant le temps supplémentaire et les fins de semaine, sont sans convention collective depuis décembre 2018. «Les discussions avec l’employeur achoppent en ce qui a trait aux horaires et à la conciliation travail-vie personnelle», explique le syndicat SCFP 375. Les débardeurs sont au travail 19 jours sur 21, ne bénéficiant que d’une fin de semaine de congé sur trois.

Le syndicat affirme que l’Association des employeurs maritimes «envenime le conflit» en apportant des changements aux horaires de travail des débardeurs, alors que les parties étaient toujours en négociation.

«Si l’Association des employeurs maritimes (AEM) ne veut pas de grève, elle a juste à lever ses moyens de pression et le syndicat fera de même. Pas de grève de temps supplémentaire. Pas de grève les fins de semaine. C’est pourtant simple. Nous voulons un retour à la table de négociation», a déclaré Michel Murray, porte-parole du syndicat SCFP 375.

Le syndicat des débardeurs du port de Montréal a rejeté à près de 100% l’offre patronale lors d’une assemblée générale tenue le 21 mars. Après une grève l’année dernière, une trêve de sept mois était intervenue en août 2020, dans laquelle les parties s’étaient engagées à suspendre tout moyen de pression dans le but d’arriver à une entente négociée entre cette date et le 21 mars 2021.

Selon l’Administration portuaire de Montréal, la récente grève partielle a eu des impacts significatifs, même après une seule fin de semaine, qui incluent notamment près de 10 000 conteneurs cloués au sol et des délais pour les convois ferroviaires. La grève de 2020 a, quant à elle, causé le détournement de 20 navires et 80 000 conteneurs remplis de marchandises ont été «acheminés vers des ports concurrents ou cloués au sol», selon l’Administration portuaire de Montréal.

Milieu des affaires

Le milieu économique appréhende le déclenchement d’une grève générale illimitée par les débardeurs du port de Montréal et somme le gouvernement fédéral d’intervenir.

«Le pire scénario, celui qu’on craignait tous, vient de se produire. L’avis d’un déclenchement d’une nouvelle grève illimitée, à l’heure même où des milliers de PME ont déjà un genou à terre, est inadmissible», soutient Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

«On lance un appel ultime: les PME ne peuvent pas se permettre de subir les dégâts d’une nouvelle grève. Cela mettra à risque toute l’économie canadienne. Il faut agir et maintenant», ajoute M. Guénette.

«L’annonce d’une grève générale illimitée laisse présager des conséquences désastreuses sur l’économie de la métropole, de la province et du reste du pays, toujours fragilisée par la crise», souligne Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. La CCMM évoque des coûts pouvant atteindre 29 millions de dollars pour chaque jour de grève générale.

«Il est totalement irresponsable et inacceptable de laisser un actif stratégique comme le port – qui est essentiel à la chaîne d’approvisionnement d’un nombre important d’entreprises québécoises et canadiennes – à l’arrêt de cette façon», ajoute M. Leblanc.

Marc Cadieux, président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec, indique pour sa part que son industrie devra procéder à «d’importantes mises à pied» si cette grève se concrétisait.

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