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Des organismes craignent que Québec délaisse le logement social

Le FRAPRU voit dans le nouveau PHAQ une privatisation de l’aide au logement. Photo: Archives

Si, du côté municipal, on salue en général la création du nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) annoncé ce jeudi par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, la réaction des groupes de défense du droit au logement est plus mitigée.

Le responsable de l’habitation et de la stratégie immobilière du comité exécutif de Montréal, Benoit Dorais, considère que le PHAQ est un pas dans la bonne direction et salue le travail fait par le gouvernement pour tenter d’innover et d’apporter des solutions aux enjeux liés au logement.

Du travail reste à faire et les investissements doivent être au rendez-vous, précise Benoit Dorais, mais il souligne que ce nouveau programme se veut complémentaire au règlement 20/20/20, avec l’octroi de subventions aux entreprises privées pour l’intégration de logements abordables aux projets immobiliers.

La Fédération québécoise des municipalités (FQM) se réjouit de son côté que le PHAQ réponde à plusieurs de ses demandes, affirmant que les nouvelles modalités permettront la concrétisation de plus de logements abordables pour les personnes et les familles à revenus modestes, pour qui le marché n’est actuellement pas favorable.

Pour sa part, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) maintient que le soutien financier de 200 M$ du PHAQ constitue un premier pas nécessaire pour concrétiser des projets d’habitation cette année, mais ajoute qu’on doit aller plus loin.

L’UMQ rappelle par ailleurs que si le PHAQ concerne spécifiquement le logement abordable, il sera nécessaire de maintenir un programme visant la création de logements sociaux.

Scepticisme et inquiétude

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) réagissent quant à eux à la création du PHAQ avec scepticisme et inquiétude.

La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, déplore que la ministre Andrée Laforest n’ait pas pris d’engagement clair sur la poursuite d’AccèsLogis, «le seul programme voué spécifiquement au développement du logement social et communautaire».

«Il serait inacceptable qu’un programme qui a fait ses preuves au cours des 25 dernières années pour répondre adéquatement à une variété de besoins soit remplacé par un autre dont l’objectif clairement énoncé est d’appuyer la construction de projets de logements par le secteur privé», juge la porte-parole.

Les deux organismes émettent également des doutes sur la pérennité de l’abordabilité des loyers et critiquent cette privatisation de l’aide au logement.

L’aspect abordable est garanti uniquement de 15 à 35 ans pour ces nouveaux logements. Une abordabilité pour l’instant plutôt floue. Après ce délai, les logements construits grâce à ces fonds seront remis dans le secteur immobilier privé, en proie à la spéculation du marché et aux hausses abusives de loyer, faute de mesures de contrôle efficaces.

Marion Duval, du RCLALQ

Une crainte que partage Andrés Fontecilla, porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de logement et d’habitation. Le député ajoute que les promoteurs n’auront plus l’obligation de loger un minimum de ménages défavorisés admissibles au supplément au loyer, contrairement au programme AccèsLogis, qui prévoit que 50 à 100% des locataires peuvent en bénéficier s’ils sont à faible revenu.

«Marginaliser» le logement social

Andrés Fontecilla soutient qu’avec le PHAQ, le gouvernement du Québec abandonne le logement social. «C’est la mort du logement social et communautaire comme on le connaît au Québec, un modèle qui a fait ses preuves pour répondre aux besoins des gens plus démunis.»

Le FRAPRU constate également que le PHAQ ne fixe aucun objectif chiffré pour la réalisation de logements sociaux et communautaires.

On marginalise le logement social dans ce qui pourrait devenir le seul programme québécois d’aide à la réalisation de logements, on le met en concurrence avec le privé, sans aucune assurance qu’il pourra répondre aux besoins.

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

Une série de mobilisations régionales qui débuteront par une manifestation à Montréal sont prévues à partir du 12 février. Elles réclameront entre autres la poursuite du programme AccèsLogis et le financement d’un grand chantier de 50 000 logements sociaux en cinq ans.

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