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Jeunes marginalisés: des discriminations qui font mal

colloque Urbanité et jeunes marginalisés.
Le colloque «Urbanité et jeunes marginalisés, organisé par le Café-Jeunesse Multiculturel, a eu lieu le 19 mai. Photo: Anouk Lebel / Métro

Quand Evens a vu les voitures de police affluer devant la maison de banlieue où il venait de sonner, il savait que c’était pour lui. Pourtant, il n’avait rien fait d’autre que de s’y présenter… pour une vente de garage. Une expérience de discrimination parmi tant d’autres qui façonne la perception que les jeunes ont d’eux-mêmes, selon la chercheuse Anaïk Purenne.

C’est loin d’être la première fois que le jeune homme d’origine haïtienne se voyait accoler l’étiquette de criminel, mais l’expérience n’en demeurait pas moins marquante, a expliqué la chercheuse française, dans le cadre du colloque Urbanité et jeunes marginalisés, organisé par le Café-Jeunesse Multiculturel le 19 mai.

Pendant un entretien de deux heures avec elle, Evens est revenu souvent sur cette expérience. Pas parce que les policiers n’ont pas été courtois, mais parce que l’appel au 911 provenait d’une fillette de 10 ans persuadée qu’il y avait des criminels devant sa maison.

Le racisme commence de «bonne heure», a rapporté le jeune de Montréal-Nord dans le cadre de la recherche. Il venait alors de terminer ses études collégiales.

Des expériences qui marquent

Chercheuse à l’École nationale des travaux publics de l’État, en France, Mme Purenne a rencontré des dizaines de jeunes de neuf quartiers populaires d’Amérique du Nord et d’Europe entre 2014 et 2018, dont une trentaine de Montréal-Nord.

Presque tous avaient des histoires marquantes à raconter.

«Les expériences de discrimination, elles marquent les esprits», a soutenu la chercheuse lors du colloque.

Si les jeunes de Montréal-Nord avaient plus de facilité à nommer ce qu’ils vivaient que ceux de Lyon, elle a constaté que partout, la discrimination fait mal.

C’est une histoire qui illustre à quel point ça peut être douloureux, ça peut mettre en cause la place d’un jeune dans la société et la façon de se projeter.

Anaïk Purenne, chercheuse à l’École nationale des travaux publics de l’État, en France

Un appel aux institutions

Beaucoup d’expériences de discrimination sont le fruit d’une relation des jeunes avec les institutions, a aussi constaté Mme Purenne dans le cadre de sa recherche.

Pour Lynda Rey, professeure en évaluation de programmes à l’École nationale d’administration publique à Montréal (ENAP), le travail de rue peut faire toute une différence en agissant comme un catalyseur de changement.

«Il faut les ressources pour financer le travail de rue. Les ressources financières, mais aussi humaines», a soutenu celle qui a accompagné les intervenants du Café-Jeunesse Multiculturel pendant la pandémie.

Elle avait préalablement donné la voix à une jeune fille de Montréal-Nord, Jammy, ainsi qu’à une intervenante de l’organisme, Vanessa Desprez.

Toutes deux ont dit souhaiter faire en sorte que les jeunes du quartier aient les mêmes occasions qu’ailleurs dans les prochaines années.

«Je veux que les jeunes s’épanouissent. Pas seulement à Montréal, mais aussi à Montréal-Nord, je veux qu’ils puissent se développer», a souligné Mme Desprez.

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