47 marathons en 50 jours: la grande traversée de Sébastien Jacques
Même si Sébastien Jacques se considère comme le «gars le plus ordinaire du monde», ses prochaines semaines seront loin de l’être. Il s’envole aujourd’hui vers l’Italie, qu’il traversera seul à la marche du nord au sud, en 50 jours.
Une distance équivalente à 47 marathons. Avec sa grande traversée, l’ancien champion de tennis vise à amasser 100 000 $ pour la Fondation CHU Sainte-Justine.
Sortir de sa zone de confort, apprendre des choses sur soi-même, un désir de créer des «souvenirs un peu fous», Sébastien Jacques ne manque pas de réponses lorsque Métro lui demande pourquoi il se lance dans un projet aussi extrême.
L’idée d’une traversée à pied de l’Italie a initialement germé en 2020. Des proches lui ont alors suggéré d’en profiter pour lever des fonds pour une cause qui lui tient à cœur.
«[Lors de ma] première visite que j’ai eue avec l’équipe de la Fondation du CHU Sainte-Justine […], je me suis dit: c’est eux», explique l’homme de 34 ans, qui a lui-même dû se faire retirer une tumeur au cerveau dans sa vingtaine.
Sébastien Jacques marchera donc pour les enfants de Sainte-Justine, mais aussi leurs parents. «L’entourage vit un enfer total, ils se sentent totalement impuissants de voir leur enfant malade», précise-t-il.
Je vais ramper en Italie s’il faut pour me rendre jusqu’en bas [NDLR: à l’extrémité sud du pays].
Sébastien Jacques
Son périple commencera le 15 novembre prochain, à la frontière italo-suisse au nord de Como, et se terminera début janvier dans les Pouilles. Une cinquantaine de familles italiennes se sont portées volontaires pour l’héberger tout au long de son parcours.
Il s’agit du deuxième défi du genre pour Sébastien Jacques. En 2017, il a marché les États-Unis d’est en ouest, un parcours de 5500 km qui a duré six mois.
Un voyage qu’il qualifie de «marche d’espoir», lui qui voulait simplement «faire sourire quelqu’un qui vivait des moments difficiles dans sa vie».
«Quatre ans d’enfer»
«J’étais au summum de ma forme physique, puis du jour au lendemain, j’ai commencé à avoir des problèmes de santé, se remémore Sébastien Jacques. Étourdissements, faiblesses musculaires, je suis passé de m’entraîner cinq à six heures par jour à avoir de la difficulté à me tenir debout 15 minutes par jour.»
En 2011, alors qu’il jouait au tennis pour une université américaine, des médecins ont détecté une masse volumineuse dans son cerveau.
C’est seulement après un calvaire de quatre ans, en 2015, que Sébastien a été en mesure de se faire opérer, en Californie.
Je n’étais plus capable de marcher 15 minutes par jour, et là je vais marcher un marathon par jour.
Sébastien Jacques
«Je ne veux pas revivre ce malheur, mais je ne veux pas effacer ces quatre ans-là qui m’ont fait apprendre tellement de choses», explique-t-il. En effet, c’est cette expérience éprouvante qui l’a poussé à se lancer dans ses défis sportifs, pour encourager ceux et celles qui vivent aussi des moments difficiles et en raison d’un sentiment d’urgence.
«J’avais l’option de me dire: je m’en vais en Thaïlande sur une plage avec ma blonde […] mais à la place, j’ai décidé de faire ça. C’est de ces moments-là que je vais me rappeler pas mal plus quand je serai plus vieux», explique le jeune homme.
Une journée à la fois
«Je sais dans quoi je m’embarque […] je sais que je vais avoir mal partout», lance Sébastien Jacques. Après son exploit aux États-Unis, il a perdu toute naïveté quant aux souffrances qui l’attendent.
L’entraîneur de tennis marche jusqu’à huit heures par jour depuis plusieurs semaines pour s’assurer que son corps et surtout ses pieds soient prêts pour sa traversée.
Il reconnaît toutefois qu’une grande part du défi qui l’attend se joue entre ses deux oreilles. «Mentalement, je ne peux pas être plus prêt que je suis là. Je sais que ça va être difficile, mais je suis serein, j’ai hâte, je suis excité», affirme-t-il.
Quel est son secret pour être en mesure de marcher 47 marathons en 50 jours? Y aller une journée à la fois, un autre apprentissage acquis lorsque son état de santé était à son plus bas.