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Montréal, l’enfer des policiers?

Intervention après coups de feu
Photo: Stockdeca / 123rf

Retraites, démissions et embauches insuffisantes; le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) manque d’effectifs et doit recourir aux heures supplémentaires obligatoires pour assurer ses services. Et comme si ce n’était pas suffisant, un récent bulletin de la Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) avance qu’une centaine de policiers montréalais seraient en processus d’embauche par la Sûreté du Québec (SQ) ou la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Une situation alarmante pour Yves Francoeur, président de la FPPM, alors que les policiers restants sont surchargés et à risque de problèmes de santé physique et mentale.

Si 310 embauches étaient prévues pour cette année pour «environ entre 160 et 200 départs», «jusqu’à maintenant, ça ne se réalise pas», déplore le président de la Fraternité, en entrevue à l’émission Tout un matin. En date du 13 janvier, le SPVM compte environ 45 policiers de moins qu’à pareille date l’an dernier, ajoute M. Francoeur.

Même les recrues sont peu nombreuses à rester dans la métropole. Après avoir quitté l’école de police, «les gens, quelques jours avant d’entrer à Montréal, ont une promesse d’embauche en banlieue», avance le président. Beaucoup acceptent ces offres, ce qui explique qu’un contingent de 30 recrues peut rapidement se transformer en contingent de seulement 22 ou 18 nouveaux policiers, affirme M. Francoeur.

Une métropole repoussante

Si un «manque de soutien de l’hôtel de ville» est en cause, le problème serait plus large pour M. Francoeur. D’abord, le danger plus grand à Montréal qu’ailleurs serait un élément qui repousserait les policiers. «Les gens sont moins intéressés à venir à Montréal», croit le président de la Fraternité, rappelant que «trois policiers ont été atteints par balle» dans les dernières années.

À cela s’ajouteraient les heures supplémentaires obligatoires, les salaires d’entrée qui ne sont pas particulièrement intéressants et le fait que «ce soit compliqué» d’aller à Montréal, croit celui qui lance aujourd’hui un cri du cœur.

Ainsi, comme un cercle vicieux, le contexte de Montréal plus difficile qu’ailleurs éloigne les policiers, ce qui force ceux qui y restent à travailler plus. L’incidence de cette surcharge sur la santé rend le contexte encore moins agréable. Une augmentation des consultations psychologiques par les policiers de Montréal de 56% entre 2017 et 2021 témoigne de ce fait.

Pour M. Francoeur, qui souligne que les policiers doivent souvent prendre «des décisions en des fractions de seconde, décisions qui vont avoir de très grandes implications», la situation est inquiétante.

Solutions?

Les pistes de solutions se trouvent dans la juste compensation, croit le président de la FPPM. Si l’hôtel de ville finançait le stage d’une recrue à l’école nationale de police «en échange que la personne s’engage à travailler et demeurer au SPVM pour une période de deux ou trois ans», la rétention de personnel serait améliorée, croit-il. Ce stage d’une durée de quatre mois coûte environ 9000 $.

Une autre solution serait d’améliorer «le salaire à l’embauche». M. Francoeur soutient que pour y parvenir, il faut toutefois «de la bonne volonté de deux parties», le SPVM et la Ville de Montréal.

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