Des conseils pour verdir sa petite arrière-cour montréalaise
Si, depuis votre balcon fraîchement rénové, vous remarquez que votre arrière-cour montréalaise a plus des airs de cour à scrap, peut-être qu’il serait temps d’y ajouter un peu de verdure. Mais avant de ressortir votre t-shirt de Décore ta vie des boîtes et d’enfiler vos genouillères, voici quelques conseils d’expert à connaître pour bien se préparer à jardiner.
L’ensoleillement
Le premier élément à établir est le niveau d’ensoleillement dans la cour arrière afin de choisir ses plantes en conséquence, indique au téléphone le préposé aux renseignements horticoles du Jardin botanique de Montréal, Joshua Jarry. Pour ce faire, rien de plus simple: regardez par votre fenêtre durant une journée.
«Si, la plupart du temps que vous observez votre cour, elle est ensoleillée, il s’agit d’un espace au soleil, explique Joshua Jarry. Si le matin, c’est ensoleillé, puis l’après-midi, plus ombragé — ou vice-versa —, il s’agit d’un espace de mi-ombre. Si, chaque fois que vous regardez dehors, c’est tout le temps ombragé ou qu’il ne semble pas y avoir de lumière directe sur l’endroit que vous voulez aménager, il s’agit d’une zone d’ombre.»
Le sol
Une fois le degré de luminosité de votre cour déterminé, la prochaine étape est d’identifier la qualité et le type de sol qui accueillera les végétaux.
«En théorie, pour déterminer la qualité du sol, il faudrait faire une analyse d’un échantillon de terre et l’envoyer dans un laboratoire quelque part, précise Joshua Jarry. En pratique, il vaut mieux garder ça simple. Donc, règle générale: on peut assumer que le sol montréalais a un pH plus neutre, qui tire sur l’alcalin.» Une caractéristique qui serait due à l’historique géologique de la métropole.
Pour déterminer le type de sol, l’horticulteur recommande simplement d’en prendre une poignée dans sa main. «Si, en prenant la terre, elle conserve sa forme, le sol est glaiseux. Si, au contraire, elle s’effrite, le type de sol est sablonneux.»
La compaction du terrain est un autre élément à vérifier. Un sol compacté, qui laisse difficilement passer l’air et l’eau, aura tendance à être dénudé, les racines ayant de la difficulté à s’y propager. Certaines plantes coriaces se plaisent à y pousser, alors que d’autres préfèrent des sols meubles, riches et bien drainés.
La clé, c’est un jardin diversifié
Une fois ces éléments en tête, vous pouvez passer au choix des plantes. À cet égard, l’horticulteur Joshua Jarry souligne que la diversité des plantes mises en terre est la clé.
«Quand on choisit nos plantes, il faut penser à l’été au complet. On ajuste notre sélection pour assurer une fleuraison tout au long de la saison et attirer les pollinisateurs comme les abeilles, les guêpes, les mouches et les papillons.»
Parmi la variété de plantes disponibles en pépinière, M. Jarry conseille un trio d’espèces commodes, soit les plantes indigènes (qui poussent naturellement au Québec en milieu sauvage), les rustiques (qui survivent à l’hiver québécois) ou encore les pionnières (qui colonisent les sols pauvres et compacts).
Si vous préférez ne pas avoir les deux mains dans la terre tous les printemps pour replanter de la verdure, il faudrait miser sur les vivaces qui survivent minimalement deux ans. Si vous avez une créativité saisonnière à assouvir, les annuelles, éphémères, pourraient satisfaire votre désir de renouveau.
Ma fenêtre est un jardin de béton
Si votre cour arrière est une surface bétonnée, l’alternative est la culture en pots ou en jardinières. «C’est une option assez commode. On choisit notre terre, donc on peut planter un peu plus ce qu’on veut», indique Joshua Jarry.
La culture en pots permet également de rentrer certaines plantes plus facilement à l’intérieur au retour du temps froid. Le jardinier averti saura toutefois les mettre en quarantaine.
«Les plantes d’extérieur abritent leur propre petite faune. Avant de les rentrer dans notre résidence, il faut les examiner pour voir s’il n’y a pas d’insectes ou d’œufs cachés qui risqueraient de coloniser les autres plantes d’intérieur. Par prudence, on les place dans une pièce isolée pendant quelques jours selon notre niveau de confort en vérifiant régulièrement la présence de petits envahisseurs qu’on enlève.»
Toute bonne chose a une fin
À l’automne, il faudra préparer notre jardin à l’hiver, prévient l’employé du Jardin botanique. «On coupe ce qui est mort et on peut couvrir notre jardin d’une toile pour le protéger. Sinon, la neige offre cette protection naturellement. Et les rebuts sont jetés dans le compost», indique-t-il.
Une fois ce travail accompli, on peut déjà commencer à penser à ce à quoi ressemblera notre jardin l’été suivant. «C’est la joie du jardinage: chaque été, on peut se créer un nouveau paysage.»
Quelques recommandations vertes de Joshua Jarry:
Pour une cour ensoleillée:
- Asclépiades communes (indigènes): «Elles sont très friandes de soleil. Elles poussent dans un sol bien drainé. Leurs fleurs ont une teinte rosée et dégagent un parfum léger très agréable.»
- Asters (indigènes): «Ils sont très robustes et abondants vers la fin de la saison. Ils se démarquent par leur variété de couleurs.»
- Amélanchiers du Canada (indigènes): «Ce sont des arbustes qui peuvent atteindre une hauteur de six mètres. Ils sont idéaux pour ajouter de l’ombre dans votre jardin. Au printemps, leurs fleurs sont blanches. En été, ils produisent des petits fruits rouges qui attirent les oiseaux.»
Pour une cour mi-ombragée
- Agastache fenouil (indigène): «Cette vivace se cultive en terre comme en pots. Ses fleurs violacées apparaissent vers le mois de juillet et se prolongent jusqu’en septembre. Elles ont une odeur d’anis et sont comestibles.»
- Verge d’or (indigène): «La verge d’or a une bonne rusticité. Cette plante aux fleurs jaunes pousse en hauteur et se retrouve normalement dans les sols riches et bien aérés.»
Pour une cour ombragée :
- Violette du Canada (indigène): «La violette du Canada peut être un très beau couvre-sol. Sa fleur blanche au revers violacé est odorante.»