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Des bactéries qui construisent une pyramide

Forcer des bactéries vivantes à construire une pyramide miniature, pour le commun des mortels, c’est presque inimaginable. Mais pour le laboratoire de nanorobotique du Département de génie informatique et de génie logiciel de l’École Polytechnique de Montréal, c’est «un exploit mondial».

Réalisations

L’équipe du professeur Sylvain Martel a utilisé une espèce de bactéries magnétotactiques (qui possèdent leur propre boussole interne) que l’on a trouvées à l’état naturel dans l’estuaire Pettaquamscutt, dans le Rhode Island. Ces «Ferrari des bactéries» s’orientent naturellement vers le nord magnétique pour trouver leur nourriture. «Mais là, on a généré un nord magnétique artificiel contrôlé par ordinateur. C’est comme si on avait le volant», explique M. Martel.

Les bactéries, qui ont été boostées en laboratoire, ont mis seulement 15 minutes pour construire une pyramide de 6 briques d’époxyminiatures, chacune ayant une longueur totale équivalant à l’épaisseur d’un cheveu humain. «Ce n’est pas la plus belle des pyramides, con­vient le professeur. Mais le plus important, c’est que pour la première fois, des bactéries ont été utilisées pour la construction d’une structure assemblée de façon coordonnée.»

Applications

Les chercheurs ont aussi obtenu des résultats préliminaires démontrant que ces mêmes bactéries pourraient circuler dans le réseau sanguin humain et se diriger vers une cible prédéterminée. À terme, on pourrait envisager que les bactéries soient chargées d’un médicament et aillent directement le déposer sur une tumeur à traiter.

Comme dans une artère humaine, le flux sanguin est trop important pour les bactéries, une sorte de sous-marin assez petit pour naviguer dans le réseau vasculaire transporterait les bactéries jusqu’aux vaisseaux sanguins plus petits. Les bactéries (non pathogènes) seraient alors lâ­chées dans les vaisseaux pour y déposer le médicament. «Parfois, les éléments de la nature ont le pouvoir de complémenter les meilleures technologies moder­nes», conclut le professeur Martel.

Faut-il se méfier?
Dans Nanotechnologies et société, la sociologue Céline Lafontaine critique la mode nano. Si les adeptes de l’infiniment petit y voient d’immenses possibilités, Mme Lafontaine, qui a interrogé une vingtaine de chercheurs, dénonce la marchandisation et les dérives potentielles de cette technologie dont on connaît encore mal les conséquences pour l’environnement et la santé.

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