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Charles-Mathieu Brunelle: «C’est le temps de passer à l’action»

Photo: Denis Beaumont/Métro

La mission de Charles-Mathieu Brunelle est simple: accompagner l’humain dans la nature. S’il ne l’a pas dit pas 20 fois en entrevue à Métro, il ne l’a pas dit une seule fois. Pour atteindre l’harmonie entre le virtuel et le naturel, le directeur d’Espace pour la vie – qui regroupe le Planétarium, le Biodôme, le Jardin botanique et l’Insectarium – croit que les Montréalais doivent passer à l’action. Et penser les choses différemment.

À quoi rêvez-vous ces jours-ci?
[Longue hésitation] Nous avons des tonnes de projets concrets à Espace pour la vie, mais je crois que ce qui me préoccupe vraiment est d’ordre relationnel: c’est le rapprochement avec la nature. Je rêve à une vie plus harmonieuse. Je souhaite que notre imagination soit mise à profit dans cette relation entre l’homme et la nature. Qu’on arrive à réaliser les choses autrement. Bref, je rêve stupidement à un monde meilleur.

À Montréal, comment est cette relation entre l’homme et la nature?
On est dans un environnement privilégié. On a beaucoup de parcs, on est sur le bord d’un fleuve, on a une ville, en quelque part, verte. Mais on est peut-être un peu timide dans notre engagement réel avec la nature. Il nous manque un peu de pratique. Il faut se mettre à l’ouvrage. La question des grands projets pour une ville est nécessaire. Mais il faut d’abord faire attention à ce qui est autour de nous. C’est propre, c’est fleuri, c’est aménagé: ensuite, on peut inscrire un grand projet là-dedans. Une grande bibliothèque, ça se dépose sur quelque chose, ça se dépose dans une ville. Le Golden Gate Bridge, ça se dépose dans une ville.

Comment se porte la biodiversité montréalaise?
Je pense que l’état de la biodiversité est bon comparativement à d’autres villes. La biodiversité, ce n’est pas quelque chose d’arrêté. Ça bouge. C’est notre relation avec la biodiversité qui compte. À Montréal, il y a beaucoup d’efforts qui sont faits. L’homme est une espèce qui veut créer. Ce qui nous distingue, c’est l’imagination. Il ne faut pas s’empêcher de développer, mais il faut développer différemment. S’il y a un marais, il ne faut pas nécessairement construire dessus, mais voir comment l’intégrer et vivre avec.

Comment réussir à rendre le cœur névralgique d’Espace pour la vie, autour du Stade, plus… vivant?
Ça se fait par étapes. Je crois qu’on a un effort à faire – et on le fait avec le Parc olympique – en ce qui concerne la participation citoyenne et l’appropriation du site. Mais la participation citoyenne doit être active. Les gens doivent construire Montréal. On construit ensemble. L’idéal se réalise facilement quand il se construit avec quelqu’un.

Il y a une volonté d’amener le citoyen sur place, mais y a-t-il une volonté d’attirer des commerces, des restaurants, des bars?
Tout à fait. De plus, on oublie qu’Espace pour la vie vend plus de 2 millions de billets par année. Beaucoup de gens viennent nous visiter. Il pourrait y avoir un hôtel, par exemple, mais pas un simple hôtel. Quelque chose de différent.

Un camping urbain par exemple?
Ça serait génial. Ou un hôtel dont les chambres sont séparées et où les clients sont reconduits en traineau à chiens l’hiver ou par des moyens de transport éolien l’été. Je pense qu’on doit laisser aller notre imagination pour penser les choses différemment.

Vous avez dit à Métro qu’il ne fallait pas attendre un sauveur pour Montréal. Tout de même, qu’attendez-vous de la nouvelle administration?
[Longue hésitation] L’expérience de coalition semble fonctionner. Le fait que ça soit ouvert et transparent me semble une évidence. Plus ça va, plus les styles de gestion exigent ça. Maintenant, il faut passer à l’étape réalisation. Et il faut un enthousiasme. Le prochain maire ne fera pas ça seul.

Qu’attendez-vous des Montréalais?
Le Montréalais est résiliant. Je pense que c’est le temps de se mettre à l’ouvrage. Il faut retrouver une fierté. On s’est laissé un peu barroueter, on a encaissé. Mais il y a tellement de choses qu’on peut réaliser. C’est le temps de passer à l’action.

Pour vous, faire bouger les choses, ça ne semble pas sorcier…
La chose la plus difficile, c’est d’atteindre le momentum. Une fois qu’on y arrive, il faut le maintenir. Ça prend des équipes, une volonté, une vision. Quand on est passif, on subit. Quand on est en mouvement, on participe à quelque chose, aux changements qu’on voit apparaître.

Repenser les institutions

Espace pour la vie vient de lancer trois concours internationaux de design et d’architecture pour des projets visant le Biodôme, le Jardin botanique et l’Insectarium.

D’ici le 375e anniversaire de Montréal, en 2017, l’organisme souhaite revisiter ses quatre institutions pour rapprocher encore davantage l’humain de la nature, tant dans sa programmation que dans son architecture.

«Le Planétarium a été construit selon les plus hautes exigences en matière d’environnement et de design, mais ça demeure une architecture violente, note Charles-Mathieu Brunelle.

Maintenant on essaie de voir comment on peut construire différemment. Comment veux-tu reconnecter avec la nature s’il fait toujours 20 degrés dans le bâtiment?» Voici comment Espace pour la vie pense révolutionner ses espaces :

  • Insectarium. Il subira une métamorphose complète. «On veut qu’une partie du bâtiment ‘‘bouge’’ avec la nature, tout en respectant les règles de l’art, avance M. Brunelle. Un bâtiment poreux, par exemple? C’est une idée. On veut essayer de mettre le visiteur dans un environnement où ses repères sont moins clairs.»
  • Biodôme. L’expérience des visiteurs sera revue. «En ce moment, on passe de l’Antarctique à la forêt tropicale comme si on changeait de pièce, sans trop se poser de questions, constate M. Brunelle. Comment fait-on pour casser ce confort-là? Peut-être que les visiteurs pourraient regarder les écosystèmes de haut. Peut-être que dans l’Antarctique, il n’y aurait plus de séparation avec les manchots. On pourrait les entendre et les sentir. Peut-être qu’on aurait besoin d’une couverture pour visiter cet écosystème…»
  • Jardin botanique. Un nouveau pavillon de verre pour la tenue d’événements et nouveau jardin des phytotechnologies, qui montrera les bienfaits des plantes, seront construits. «Le pavillon pourrait être en verre recyclé, lance M. Brunelle. C’est un pavillon de prestige, mais qui n’échappera pas à la démarche d’Espace pour la vie.»
  • Grande place. La grande place du Parc olympique sera réaménagée avec, entre autres, l’ajout d’un potager urbain. «On pourrait commencer à voir poindre quelque chose l’an prochain, mais le gros du projet sera réalisé en 2015 et 2016, souligne M. Brunelle. Tout sera prêt pour 2017.»

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