Leçon d’architecture pour les mairies d’arrondissement
Les édifices abritant les mairies des arrondissements de Montréal sont laids. C’est du moins l’opinion d’Antonin Labossière, architecte à la firme Rayside Labossière, qui les visite régulièrement dans le cadre de ses fonctions. En sa compagnie, Métro a passé en revue ces bâtiments qui passent souvent inaperçus, à moins qu’on ait vraiment besoin de s’y rendre. (Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Les mairies les plus moches
C’est avec les fusions de 2002 qu’ont été constitués les arrondissements de la ville de Montréal tels qu’on les connaît.
Pour la première fois, des quartiers intégrés à Montréal depuis longtemps ont dû se constituer une mairie. Plusieurs de ces mairies, dont celles de Rosemont–La Petite-Patrie, de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, se sont installées dans de gros immeubles de bureaux à louer.
«La volonté d’économiser de l’argent a prévalu, estime Antonin Labossière. Ces édifices sont laids, sans âme et peu accueillants.»
L’architecte juge que ces bâtiments municipaux échouent à susciter un sentiment d’appartenance chez les citoyens et à agir en symboles de l’arrondissement. «Ils sont souvent situés dans des coins reculés ou industriels du quartier, et il est difficile d’y accéder à pied ou de s’y stationner», observe M. Labossière.
Une exception à la règle
Parmi les bâtiments n’ayant une vocation municipale que depuis 2002, le seul qui se démarque est celui du Sud-Ouest, selon M. Labossière.
«C’est un grand immeuble industriel en briques rouges qui représente bien cet ancien quartier ouvrier, décrit-il. Il a été rénové il y a environ cinq ans en préservant de belles colonnes de bois à l’intérieur et un style loft.»
Le bâtiment a autrefois abrité une usine de fabrication, d’entreposage et de distribution de biscuits.
Les plus accueillantes
Lachine, Anjou, Outremont et Montréal-Nord sont des arrondissements qui, avant les fusions, étaient des villes indépendantes. Leurs mairies sont plus accueillantes et plus inspirées, parce qu’elles ont été construites en fonction de leur rôle politique et organisationnel.
«Elles représentent souvent bien les citoyens du quartier, croit M. Labossière. La petite bâtisse blanche d’Outremont, par exemple, a un air distingué et un peu bourgeois.»
La vocation de ces bâti-ments est claire, comme c’est le cas à Montréal-Nord, où la mairie arbore deux colonnes blanches au-dessus desquelles est inscrit le mot… «mairie».
Une note d’espoir
«L’architecture représente généralement bien la structure de la ville, volontairement ou pas, croit Antonin Labossière. À Montréal, c’est chaotique.»
Il trouve que plusieurs des bâtiments des mairies d’arrondissement ressemblent à des solutions temporaires, dues aux fusions, aux défusions et à l’incertitude politique.
Une fois la stabilité acquise, les mairies pourraient peut-être redonner de l’importance à leur image et chercher à déménager dans des endroits plus marquants, estime l’architecte.
«Montréal ne manque pas de terrains vacants, de terrains à décontaminer ainsi que de bâtiments intéressants qui sont soit vides, soit à vendre, comme l’édifice Jacques-Viger ou de superbes écoles en manque de clientèle», précise M. Labossière.