Enjeux montréalais: le statut particulier de la métropole
Le maire de Montréal, Denis Coderre, est bien déterminé à faire des problèmes municipaux un enjeu de la campagne. Il a multiplié les sorties publiques pour que les partis s’engagent à donner des pouvoirs particuliers à la métropole, en plus de traiter l’épineuse question des régimes de retraite et de la charte des valeurs. Retour sur des sujets de l’heure.
Jean-François Lisée
Rosemont
Parti québécois (PQ)
Êtes-vous en faveur d’un statut particulier?
Nous croyons que Montréal doit jouir de pouvoirs particuliers. Mon parti tiendra des discussions dès que possible avec des représentants de la Ville pour s’entendre sur les moyens de diversifier les sources de revenus de la métropole, dont le budget dépend à 70 % des impôts fonciers.
Qu’en est-il des régimes de retraite des employés municipaux?
Nous savons que la Ville traîne un lourd fardeau financier [12 % du budget annuel va dans les caisses de retraite], c’est pourquoi nous avons déposé un projet de loi qui prévoit des négociations d’un an entre les municipalités et les syndicats. S’il est élu majoritaire, le PQ adoptera cette loi. Si les négociations ne sont pas concluantes au bout d’une année, ce sera à la Commission des relations de travail de trancher.
Le projet de charte des valeurs ne fait pas l’unanimité à Montréal, que ferez-vous?
Nous n’accorderons pas de droit de retrait à Montréal. Mais nous comprenons qu’il y a une résistance. Nous ne voulons perdre aucun des employés qui travaillent pour la fonction publique, nous miserons donc sur une transition très en douceur.
Andrés Fontecilla
Laurier-Dorion
Québec solidaire (QS)
Est-ce que Montréal doit avoir un statut particulier?
Oui. Montréal n’est pas une ville comme les autres, c’est le moteur économique et culturel de la province. Nous sommes prêts à lui donner un pouvoir accru et de nouvelles sources de revenus. Il reste à déterminer les moyens de le faire. Est-ce qu’on va partager des taxes déjà perçues par Québec ou accorder à la métropole de nouveaux pouvoirs de taxation? C’est à voir.
Comment pensez-vous régler le problème des régimes de retraite?
Tout d’abord, aucune entente collective ne doit être brisée. Il faut attendre leur échéance pour entreprendre des négociations respectueuses entre la Ville et ses employés. Contrairement à la CAQ, nous sommes contre l’idée qu’au bout d’un an, la Ville ait le droit de trancher. Ce sera à une tierce partie, impartiale, de trancher.
La charte des valeurs du PQ est très décriée à Montréal, que ferez-vous?
Nous n’imposerons jamais un tel projet. Nul besoin d’interdire le port de signes religieux, ça ne va créer que de l’exclusion. Nous interdirons seulement leur port aux personnes ayant une emprise sur la liberté des autres, soit les juges, les gardiens de prison et les policiers.
Christine st-pierre
L’Acadie
Parti libéral du Québec (PLQ)
Est-ce que le PLQ votera une loi sur le statut de Montréal?
Certainement. Le chef Philippe Couillard a montré son intérêt à donner à Montréal une loi semblable à celle de Toronto, qui octroie des pouvoirs étendus à la Ville pour adopter des règlements relatifs aux questions allant de l’économie à la sécurité. Il reste à déterminer les détails de cette loi, ce ne sera pas forcément un calque de celle de Toronto.
Que proposez-vous pour les régimes de retraite?
Nous sommes prêts à déposer un projet de loi qui permette une période de négociation d’un an, et si ça achoppe, nous voulons que ce soit un négociateur impartial qui tranche. Le but est aussi que les employés et la Ville se partagent à parts égales le déficit des régimes de retraite.
Êtes-vous en défaveur de la charte des valeurs?
Nous sommes d’accord avec le maire Coderre pour dire que la charte du PQ est discriminatoire. Nous sommes en faveur de la laïcité de l’État; il faut que les employés aient le visage découvert. Mais on va légiférer sur les accommodements raisonnables, afin que ça fasse consensus dans la population et que ça évite de créer des divisions.
Stéphane Le bouyonnec
La Prairie
Coalition avenir Québec (CAQ)
Comptez-vous accorder un statut spécial à Montréal?
Montréal doit avoir un statut qui lui soit propre et diversifier ses sources de financement. Mais pour qu’elle jouisse de nouveaux pouvoirs, elle doit drastiquement moderniser sa structure. Avec les épisodes de fusion et de défusion, Montréal est devenue complexe et inefficace. Nous suggérons, entre autres, que la Ville ne garde qu’un seul maire et abandonne le concept des maires d’arrondissement.
Pour les régimes de retraite, vous êtes le seul parti à vouloir que la Ville ait le droit de trancher. Pourquoi?
Attention, nous voulons une loi qui permette la tenue de négociations sur un an. Puis, si ça ne marche pas, nous donnerions le droit à la Ville de décréter les conditions de retraite. Nous sommes les seuls qui réalisent à quel point les élus municipaux ont perdu le contrôle des syndicats et se sont retrouvés à payer des retraites bien trop coûteuses.
Pouvez-vous nous rappeler votre position sur la charte des valeurs du PQ?
Le PQ va trop loin en interdisant le port de symboles religieux à tous les employés de l’État. Nous limiterons l’interdiction aux figures d’autorité, ainsi qu’aux professeurs des niveaux primaire et secondaire.
À suivre:
Cette semaine, Métro aborde cinq thèmes, sous un éclairage montréalais, avec des candidats des quatre principaux partis de la campagne électorale provinciale.
- Lundi : Santé
- Mardi : Statut de Montréal
- Mercredi : Transport
- Jeudi : Environnement
- Vendredi : Logement