Des femmes en difficulté retrouvent leur maison
Le refuge pour femmes en difficulté Chez Doris a rouvert ses portes les fins de semaine depuis le début du mois, a annoncé la direction de l’établissement samedi.
À cause d’un déficit important, ce centre maison, situé près du métro Atwater, avait été contraint de fermer les samedis et les dimanches pendant près de huit mois.
Chez Doris est une institution bien connue pour les femmes en difficulté à Montréal. Ce centre offre, entre autres, du soutien spécifique aux femmes inuites grâce à une intervenante qui parle inuktitut. «Nous accueillons environ 65 femmes par jour durant la fin de semaine, indique à Métro la directrice générale par intérim de l’établissement, Marina Boulos. Ce sont des femmes itinérantes qui n’ont nulle part où aller ou des femmes qui sont très isolées.»
À cause d’un manque de financement, la maison a dû restreindre ses activités au mois de mai dernier. «Nous avons été cinq ans de suite en déficit, raconte Mme Boulos. Notre subvention de la Ville n’a jamais été indexée et nous avions une dette dans les six chiffres. Nous avons donc dû prendre la décision de fermer les fins de semaine.»
La réouverture a été rendue possible grâce à un don de 25 000$ de la compagnie ferroviaire Canadien National (CN) et à des promesses de subventions de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (35 000$) ainsi que de la Ville de Montréal (25 000$). «Nous avons pu engager du nouveau personnel grâce au don et repartir à neuf», souligne Mme Boulos. Cela coûte environ 155 000$ par an pour opérer la maison la fin de semaine.
La directrice raconte que les huit mois passés sans service de fin de semaine étaient un vrai «enfer». «On trouvait des femmes assises dans les escaliers à l’extérieur, relate Mme Boulos. Certaines dormaient dans notre cour ou dans le stationnement. C’était difficile à gérer.» Même si Chez Doris n’est ouvert que de jour, la maison offre quelques lits pour les femmes itinérantes.
La fermeture s’est évidemment fait ressentir chez les habituées. «Je trouvais ça long les fins de semaine à rester chez moi vu que je n’avais pas de place où aller», confie à Métro Cindy, une femme sur l’aide sociale qui bénéficie du programme de gestion financière de Chez Doris. C’est l’organisme qui reçoit le chèque d’aide sociale et paye les comptes de Cindy afin de l’aider à mieux gérer son budget. Cindy insiste sur le fait que Chez Doris est un des seuls refuges à Montréal dédié spécifiquement aux femmes. «Je suis une femme toute seule, dit-elle. Je préfère ne pas aller dans des endroits comme la mission Old Brewery toute seule, je ne me sens pas en sécurité. »
La Ville de Montréal est également heureuse de la réouverture de la maison Chez Doris. «La fermeture était désastreuse», juge la responsable de l’itinérance au comité exécutif, Monique Vallée. C’est un service indispensable à la communauté notamment à cause de son service auprès des femmes autochtones.» Mme Vallée n’a toutefois pu expliquer pourquoi cela avait pris si longtemps avant que Chez Doris puisse recevoir une nouvelle subvention pour relancer son service de fin de semaine. «Il fallait parler avec le gouvernement, l’Agence de la santé et des services sociaux, et la maison devait démontrer qu’elle avait la capacité de relancer le service», a-t-elle argué.
Chez Doris est ouvert depuis 1977 et offre plusieurs services aux femmes en difficulté, que ce soit des repas gratuits, des vêtements ou encore du soutien psychologique.