Soutenez

Traité d'extradition avec la Chine: inquiétudes

Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les partis de l’opposition à Ottawa se disent préoccupés d’entendre que le gouvernement libéral a récemment entamé des pourparlers avec la Chine concernant un possible traité d’extradition.

De telles négociations avec un pays où la dissidence est passible d’emprisonnement et où le recours à la peine de mort est si fréquent soulèvent des questions qui ont été posées en Chambre, mardi.

La leader intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a sonné la charge en accusant le gouvernement d’avoir «complètement abandonné les principes du Canada en matière de droits de la personne».

En l’absence du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, c’est le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, qui s’est chargé d’offrir des explications aux conservateurs et aux néo-démocrates.

Il a assuré que le Canada soulèverait l’enjeu de la peine de mort avec les autorités chinoises et signalé que la promotion des droits de la personne était une priorité dans les relations avec la Chine.

À l’issue de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le premier ministre Justin Trudeau a voulu se montrer rassurant lorsqu’il a été questionné par les journalistes.

«La réalité, c’est que le Canada a un très haut niveau d’exigence par rapport à l’extradition en lien avec nos valeurs (…) et nous allons continuer d’agir de façon responsable», a-t-il offert en point de presse.

N’empêche, chez Amnistie internationale, on se dit «très, très préoccupé» face à cette situation.

Car la Chine n’est pas exactement un modèle en matière de reddition de comptes, a soulevé en entrevue la porte-parole de l’organisation pour le Canada francophone, Anne Sainte-Marie.

«Ce qui entoure la peine capitale — le nombre d’exécutions, les personnes exécutées — relève encore du secret d’État en Chine, donc ce serait assez difficile pour le Canada de faire un suivi des personnes qu’il renverrait en Chine», a-t-elle expliqué.

Si le Canada en venait effectivement à signer un traité avec Pékin, il devrait exiger des garanties très claires et très strictes, a plaidé Mme Sainte-Marie.

«On devrait demander à la Chine de garantir qu’une personne qui a été extradée n’a pas été soumise à la torture ou condamnée à mort et a eu droit à un procès équitable. Ce sont des choses qui ne sont pas la réalité actuellement en Chine», a-t-elle illustré.

Les discussions entre Ottawa et Pékin ont eu lieu le 12 septembre dans le cadre de la réunion inaugurale du Dialogue sur la sécurité nationale et la primauté du droit, dans la foulée de la première visite officielle du premier ministre Justin Trudeau en Chine.

La rencontre était coprésidée par Daniel Jean, conseiller à la sécurité nationale du premier ministre canadien, et Wang Yongqing, un haut responsable du Parti communiste chinois.

Les échanges ont porté «sur les extraditions et les transferts de délinquants, un point sur lequel nous avons souligné que le Canada est régi par des normes très élevées», a précisé dans un courriel Chantal Gagnon, l’attachée de presse du ministre Dion.

Un peu plus d’une semaine après la visite de Justin Trudeau en Chine, on a appris la libération de Kevin Garratt, un Canadien qui était détenu depuis plus de deux ans dans ce pays pour des accusations d’espionnage.

Le premier ministre du Canada a dit avoir évoqué le cas de M. Garratt avec ses homologues à Pékin lors de sa récente visite en Chine.

Un responsable gouvernemental a toutefois assuré il y a quelques jours au quotidien «The Globe and Mail» que rien n’avait été offert ou promis en échange de la libération du Canadien.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.