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Tuberculose: les Inuits méritent des explications

Stephen Lewis speaks during a news conference in Ottawa on Wednesday March 9, 2011. With the Trudeau Liberals pledging a return to peacekeeping, Canada is being urged to play a leading role in stamping out what is being described as rampant sexual abuse by United Nations peacekeepers. Lewis, a former Canadian ambassador to the UN, is one of the leaders of an international coalition for the creation of an independent management board to oversee UN peacekeeping.THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: Adrian Wyld/THE CANADIAN PRESS

L’une des figures internationales les plus connues en matière de lutte contre le sida affirme que le Canada doit aux Inuits une explication sur ce qui s’est produit lorsque leurs proches ont été éloignés de leur domicile pour soigner une tuberculose, dans les années 1950 et 1960.

Stephen Lewis, codirecteur de AIDS-Free World et ancien envoyé spécial des Nations unies pour le VIH/sida, décrit la situation comme «un autre niveau du phénomène des pensionnats autochtones», et affirme qu’elle continue de compliquer la façon de répondre au problème de la tuberculose aujourd’hui.

M. Lewis a travaillé à l’étranger pendant des années à la lutte contre le VIH/sida et la tuberculose, qui sont étroitement liés. Mais lors d’une récente conférence à Durban, en Afrique du Sud, il a appris que la tuberculose était toujours un problème important dans son pays d’origine.

Bien que la tuberculose soit quasi inexistante dans le sud du Canada, on la retrouve dans plusieurs réserves du nord et dans 17 des 25 communautés du Nunavut. Les taux d’infection sont environ 50 fois plus élevés chez les Inuits que dans le reste de la population canadienne, selon les données de 2016.

La pauvreté et les résidences surpeuplées des communautés de l’Arctique sont souvent montrées du doigt pour expliquer la situation. Mais les sociologues ont indiqué que l’un des facteurs qui rendent la tuberculose si difficile à maîtriser est le souvenir de la façon dont les Inuits ont été traités dans le passé.

Les recherches permettent de croire que la maladie a pris fermement racine dans le Grand Nord lorsque les Inuits ont été déplacés des camps de chasse vers des communautés offrant des maisons d’une pièce, sans salle de bain, fournies par le gouvernement. D’autres vivaient dans des cabanes construites avec des débris de construction, créant les conditions idéales pour la propagation de la maladie.

Des navires hospitaliers comme le C.D. Howe transportaient les Inuits atteints de la maladie vers des centres de traitement, au sud.

5240 Inuits déplacés

Des documents indiquent que de 1953 à 1961, un total de 5240 Inuits ont été déplacés vers le sud. La population de l’Arctique de l’Est, à l’époque, était d’environ 11 500 habitants.

Plusieurs Inuits ont perdu leur langue et leur culture après des années passées loin de chez eux. Un grand nombre d’entre eux ne sont jamais retournés dans leur village ou ont perdu contact avec leur famille, une blessure psychologique qui continue de hanter les communautés, affirme M. Lewis, qui a rencontré des Inuits à Iqaluit et Igloolik, la semaine dernière.

M. Lewis estime que le gouvernement doit à ces gens des excuses formelles, et lui demande d’accéder à la demande d’organisations inuites d’ouvrir ses archives afin de permettre aux Inuits de retrouver leur famille perdue.

La ministre des Services aux Autochtones, Jane Philpott, affirme que le gouvernement est au courant des enjeux passés et présents entourant la tuberculose. Elle explique avoir rencontré des leaders inuits qui vivent aujourd’hui avec la maladie.

«Ce sont des conversations qui ont lieu de façon très active, a-t-elle déclaré lundi. Nous sommes déterminés à nous pencher sur cet enjeu, à la fois dans un contexte de redressement pour des injustices historiques, mais aussi avec un accent mis sur les gens qui vivent aujourd’hui avec la tuberculose.»

Mme Philpott admet que les souvenirs de leurs traitements, dans le passé, ont un impact sur la façon dont les Inuits perçoivent la tuberculose aujourd’hui. Mais elle précise qu’il n’en va pas de la responsabilité de son ministère d’ouvrir l’accès à des informations historiques.

«Ma priorité est de reconnaître les services donnés aujourd’hui, et ce sont des secteurs où il y a un énorme travail à faire», a-t-elle souligné.

«Il n’y a aucun doute que de terribles injustices ont été commises dans le passé.»

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