Une liste longue comme le bras
C’était il y a à peine un an. C’était au moment où on voyait François Legault prendre le pouvoir à Québec à la tête d’un nouveau parti qui n’avait même pas besoin de nom pour être acclamé. Vous vous souvenez de la rumeur, de la liste de GROS noms supposément longue comme le bras de ceux qui allaient former la version contemporaine de l’équipe du tonnerre et remettre la province sur ses rails?
Legault, lui-même, chuchotait que l’espace manquait pour classer tous les CV «de qualité» qui entraient à la pochetée. Qu’il devait déjà réfléchir aux choix déchirants auxquels il aurait à faire face quand viendrait le moment de former son premier Conseil des ministres. C’était clair, tout le monde, le beau monde s’entend, voulait grimper dans la nacelle pour entreprendre un long et fructueux voyage dans le ballon de l’espoir.
Depuis, la balloune s’est dessoufflée, c’est le moins qu’on puisse dire. Le dernier candidat de la Coalition Avenir Québec à avoir fait parler de lui est un dénommé Kamal G. Lutfi. Sûrement une célébrité auprès des membres de sa famille, de ça, on n’en doute point. Toutefois, ne prenez pas la peine de retenir son nom, il ne sera pas de la course au prochain scrutin parce qu’il s’est un peu trop fait aller les pouces sur son compte Twitter en fin de semaine. Une histoire de souverainistes-racistes…
Vous savez, le genre d’affaire qui plonge un parti et son chef dans l’embarras. On a donc choisi de se passer des services de l’ami Kamal. Dans ce cas-ci, la décision n’a pas semblé longue à prendre, et le choix, pas particulièrement déchirant à faire. La couche de prestige devait être mince…
Ce qu’on retiendra de cet épisode, c’est combien les partis, malgré ce qu’ils prétendent, croulent peu sous les offres de candidatures «de prestige». Encore pire, on semble prêt à laisser passer à peu près n’importe qui avec n’importe quelle grille d’analyse à travers le filtre des comités de sélection.
Ça m’a fait penser à ce que Mario Dumont racontait un jour, après avoir quitté l’arène politique. À savoir combien les offres de service «prestigieuses» pleuvent quand un parti a le vent dans les voiles. Que lui même en avait fait l’expérience lors des élections de 2007. Vous vous souvenez, vous, de la volée de 40 «nobodys» qui l’avait accompagné à l’Assemblée nationale lors de la cérémonie d’assermentation?
Nommez-m’en quatre… Ils étaient passés où, les fameux candidats de prestige qui avaient tant voulu surfer sur l’irrésistible vague de popularité du chef de la défunte ADQ? La réponse est simple : des candidats de prestige, il n’y en a pas, même si tout le monde rêve d’en croiser un! Et Dumont ne l’avouera jamais, même sous la plus efficace des tortures, mais en 2007, il a dû capoter à la simple perspective d’avoir à former un gouvernement avec une pareille équipe farcie de n’importe qui. Pour l’équipe de rêve, il aurait fallu repasser…
D’ici quelques jours, on connaîtra enfin la date des prochaines élections. Et, c’est écrit dans le ciel comme dans le ciment, on essaiera encore de nous faire gober que des candidatures de prestige seront dévoilées sous peu. Dans vos rêves, comme ils disent. Dans vos équipes de rêve…
• • •
Entendu par une amie en fin de semaine dans le Vieux-Québec : «Le show d’à soir sur les Plaines d’Abraham, ça a l’air que c’est même pas les vrais Pink Floyd, que c’est Andrée Watters…»
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.