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Un serpent «urbain» menacé par le boom immobilier à Montréal

Une Canadienne a été mordue par un serpent lors d'un voyage en Thaïlande. Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Un biologiste québécois insiste sur la nécessité de mettre certaines aires extérieures à l’abri du développement urbain dans la région métropolitaine de Montréal afin de protéger un serpent qui ne se trouve nulle part ailleurs dans la province.

Le zoo Ecomuseum a récemment terminé l’aménagement d’abris et de sites d’hibernation dans trois parcs naturels de la métropole pour venir en aide à la couleuvre brune, dont l’habitat est menacé par un boom de projets immobiliers.

Le biologiste Pierre-Alexandre Bourgeois précise que ces 39 «enrochements» et trois sites d’hibernation permettront au petit reptile de passer la saison froide à l’abri de ses prédateurs et de se nourrir de limaces, d’escargots et de vers de terre.

Mais il faut selon lui en faire plus pour protéger le «serpent le plus urbain du Québec», qui occupe notamment les terrains vagues de plus en plus convoités par les promoteurs immobiliers.

Cette situation souligne à ses yeux la difficulté de préserver des espèces moins mignonnes et de faire valoir l’importance des espaces souvent considérés comme «vacants».

«Il y a le mot  »brun » dans son nom, déjà ce n’est pas très attrayant pour plusieurs, a relevé M. Bourgeois lors d’une entrevue téléphonique. C’est toujours un défi d’essayer de faire comprendre aux gens que l’habitat de la couleuvre brune et la couleuvre brune elle-même sont importants.»

Puisque ces serpents sont timides et savent bien se cacher, il est pratiquement impossible de les dénombrer, explique le biologiste.

Bien qu’il soit peu probable que l’espèce s’éteigne de manière imminente, son habitat disparaît pour sa part à un rythme alarmant, expose M. Bourgeois, et les couleuvres brunes risquent de s’amasser «dans les quelques aires protégées où il y a encore des populations et des friches».

Contrairement aux milieux humides ou aux forêts, les champs et les terrains vagues n’ont pas de statut protégé et sont généralement les premiers espaces dont s’emparent les promoteurs, signale M. Bourgeois.

On y retrouve pourtant des écosystèmes abritant non seulement des serpents, mais aussi des oiseaux, des monarques, des petits mammifères et une multitude d’insectes pollinisateurs, souligne-t-il.

M. Bourgeois rapporte toutefois que les efforts de sensibilisation font leur chemin et que plusieurs municipalités, dont Montréal, ont manifesté leur intérêt pour une meilleure protection de ces aires ouvertes.

Quant aux citoyens qui souhaitent contrubuer, le zoo Ecomuseum leur suggère de ne pas tondre trop fréquemment les friches à proximité de leurs terrains, de faire pousser des fleurs indigènes, d’écarter les couleuvres des routes où elles prennent parfois le soleil et de ne pas jeter leurs résidus verts dans des fossés ou des champs non cultivés.

M. Bourgeois souhaite que l’espèce soit désignée comme menacée ou vulnérable par le gouvernement du Québec, comme recommandé par les experts pour permettre de financer les efforts de préservation. La couleuvre brune figure actuellement sur la liste d’espèces «susceptibles» d’obtenir cette désignation.

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