In absentia
Se pourrait-il que l’industrie du spectacle soit en mutation? Prenez le cas du groupe Coldplay, qui a annoncé il y a quelques jours qu’il n’y aura pas de tournée pour appuyer la sortie de son plus récent album et qu’il ne donnera pas de spectacles sur la route tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas trouvé une formule carboneutre pour se promener un peu partout dans le monde.
Un choix absolument inattaquable.
Dans quelques années, l’histoire retiendra que les gars de Coldplay ont été les premiers à observer cette réserve parce que c’est clair que d’autres artistes vont emboîter le pas en suivant la même logique.
Ajoutez à cela que, pour des artistes de ce calibre, la mise sur pied de ce type de tournée est devenue de plus en plus fastidieuse.
Dans la course au plus gros, au plus fort, l’augmentation des coûts de production a conséquemment fait grimper le coût moyen des billets à un niveau inaccessible pour une grande partie des fans.
Prenez le cas de la dernière série de spectacles donnés par Céline Dion au Centre Bell. À plus de 200$ le siège (prix médian), les clients peu ou moyennement fortunés ont dû déclarer forfait.
À plus de 200$ le siège (prix médian), les clients peu ou moyennement fortunés ont dû déclarer forfait.
Et n’allez surtout pas croire que Céline soit la plus chérante du lot: regardez les prix des autres spectacles comparables et vous constaterez que nous en sommes rendus là.
J’en suis venu à croire que l’avenir du spectacle pour les grandes pointures passera par deux avenues.
D’abord, la série de concerts «en résidence», où les fans devront se déplacer pour voir l’artiste et non plus le contraire.
La même Céline l’a fait pendant longtemps à Las Vegas et Bruce Springsteen a passé une année complète avec sa perfo en solo sur Broadway, tous deux affichant complet chaque soir, sans avoir à bouger ni à charrier une mégaproduction avec tout ce que cela comporte de lourdeur.
Spectacle à la carte
Ensuite, le concert-événement, diffusé en circuit fermé et offert à la carte, comme ça se fait depuis longtemps pour les sports de combat. Mettez ça sur Netflix ou toute autre chaîne du genre et le tour est joué.
La nouvelle génération de fans n’éprouve absolument pas le même rapport envers la performance live que ses ancêtres boomers. On n’a qu’à observer l’attitude de la foule à l’occasion de rassemblements – Osheaga, par exemple – où 75% de la foule suit le spectacle en fixant les écrans géants.
Et ça, c’est quand les spectateurs ne tournent pas carrément le dos à la scène pour jaser avec leurs chums.
À ce compte-là, doit-on conclure que, de plus en plus, on ne ressent plus particulièrement le besoin de voir l’artiste en personne?
Je me dis que, pour ce type d’auditoire, une captation en direct par des dizaines de caméras dans des conditions optimales pourrait devenir une option fort satisfaisante, tant pour l’artiste que pour le public. Si les gens sont capables de se satisfaire en visionnant des films et du hockey sur leur iPhone, tout est envisageable.
Très bientôt, le besoin de communier avec nos artistes préférés, en respirant le même air, dans le même espace et au même moment, sera une expérience qui appartiendra pour de bon au passé.
Difficile d’avoir plus carboneutre que ça.
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Rare bonne nouvelle pour le Parti québécois: Sylvain Gaudreault annonce qu’il se lance dans la course à la chefferie de cette formation qui se promène en béquilles depuis déjà trop longtemps. S’il y en a un qui peut redonner un semblant de vigueur au PQ, c’est lui.
Y aurait évidemment Véronique Hivon qui pourrait donner un coup de rame semblable, mais, pour des raisons qui lui appartiennent, elle doit toujours finir par passer son tour.
Et si Gaudreault l’invitait à former un tandem? Pourquoi pas? Ça serait peut-être là une rare issue pour remettre ce pôvre PQ sur les rails.