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Baisse des signalements à la DPJ: rouvrir les écoles est «urgent», disent des experts

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Photo: Archives | Métro

Alors que les signalements à la DPJ ont chuté «drastiquement» dans les dernières semaines, des professionnels pressent le gouvernement de rouvrir les écoles et les milieux de vie pour enfants afin d’assurer la sécurité de ceux-ci. La situation appelle à une réaction rapide des autorités, qui doivent présenter la semaine prochaine un plan de réouverture «graduelle» des établissements scolaires.

«La plupart du temps, les signalements nous viennent des CPE et des écoles. Ce qui reste en ce moment, ce sont les familles elles-mêmes ou les forces de l’ordre. Les cas de négligence ou de violence passent trop souvent sous le radar actuellement», s’inquiète la pédiatre à l’Hôpital Fleurimont, Marie-Claude Roy.

Selon elle, le nombre de cas signalés a subi une baisse de 25 à 40% depuis la fin mars, un taux encore plus important dans certaines régions. «C’est vraiment alarmant. Ce n’est pas parce qu’il y a la COVID-19 que la négligence est disparue», lâche l’experte.

Celle-ci appelle le gouvernement Legault à retourner aussitôt que possible les enfants à «leur vie normale». «Oui, il fallait les confiner et protéger la société. Mais maintenant, les jeunes doivent récupérer leur vraie vie. Et la société doit aussi recommencer à avoir un œil sur eux», réclame Mme Roy. La pédiatre de profession estime que Québec devra toutefois «soutenir davantage» les intervenants sur le terrain, lors de la réouverture des écoles et des différents milieux de vie.

«Les organismes vont avoir besoin de beaucoup plus de main-d’oeuvre. On ne peut pas demander à une intervenante de s’occuper de 15 enfants en même temps. Ils sont déjà surchargés, et le seront encore plus dans les prochaines semaines.» -Marie-Claude Roy, pédiatre

Confiner les jeunes est «plus dangereux»

Jointe par Métro, la vice-présidente jeunesse à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), Suzanne Arpin, est sans équivoque. «Garder nos jeunes confinés représente plus de danger que de les retourner en classe. Ce n’est pas la population qui est ciblée par le coronavirus. Et ils ont droit à une éducation, à une vie sociale. Bref, d’avoir une vie qui se rapproche le plus possible de la normalité.»

Il faudra prévoir les «séquelles à long terme» pour certains enfants, surtout pour ceux qui sont au cœur de problèmes de garde, ou qui sont dans des familles où la tension est forte, prévient Mme Arpin. «Certains jeunes sont beaucoup plus en sécurité à l’école que dans leur propre maison», illustre-t-elle.

«Les organismes, les écoles, les CPE, ce sont les yeux de la DPJ normalement. Mais ils ne sont plus là.» -Suzanne Arpin, de la CDPDJ

Elle affirme que son organisme est prête à collaborer avec les autorités pour établir un plan de déconfinement graduel dans les écoles. «Nous ne sommes pas consultés à cette étape-ci. Mais on voit toutefois que le gouvernement est sensible à nos arguments», raisonne la porte-parole.

Québec en mouvement

Appelé à réagir, le ministre responsable de la DPJ, Lionel Carmant, assure que des mesures sont en place s’attaquer à la problématique. Amélioration de la collaboration avec les organismes, dialogue constant avec les centres de pédiatrie sociale, renforcement du financement à Tel-jeunes; le plan suit son cours, dit-il.

«La baisse des signalements est une préoccupation constante pour moi. Je suis très attentif à la situation. C’est pourquoi, avec les DPJ, nous avons travaillé à solidifier le filet social, notamment en travaillant avec la pédiatrie sociale, les professeurs et autres intervenants. J’en appelle également à la vigilance de la population afin qu’ils soient nos yeux et nos oreilles sur le terrain», explique-t-il à Métro.

D’ailleurs, un feuillet indiquant «comment agir si on soupçonne un cas de maltraitance sera envoyé dans tous les foyers dès la semaine prochaine», dit l’élu. Il affirme qu’il s’agit d’une première au Québec. Pour éviter les listes d’attente, le gouvernement Legault a aussi profité de la pandémie pour «élargir le rôle» du programme Crise ado famille enfance (CAFE), un service d’intervention destiné aux parents pour désamorcer une crise.

Mercredi, un sondage de la Fondation Jasmin Roy révélait que plus de la moitié (56%) des parents québécois estiment que l’état «psychologique» de leurs enfants s’est détérioré depuis le début de la crise.

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