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Important remaniement ministériel à Québec, Dubé devient ministre de la Santé

éclosions Christian Dubé
Le ministre de la Santé, Christian Dubé. Photo: Josie Desmarais/Métro

Après plus de trois mois de pandémie, le gouvernement Legault procède à un important remaniement ministériel. Un défi majeur attend notamment le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, qui est nommé ministre de la Santé. Celle qui occupait jusqu’ici ce poste, Danielle McCann, prêtera main forte au ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, en devenant ministre déléguée à l’Enseignement supérieur.

«On a encore beaucoup de changements à faire dans le réseau de la santé pour améliorer la gestion et l’imputabilité de tous les dirigeants», a expliqué lundi le premier ministre, François Legault. Il a vanté la «longue expérience en gestion», tant au privé qu’au public, de Christian Dubé. Celui-ci aura notamment comme mandat de moderniser les systèmes informatiques du réseau de la santé, «qui datent encore de l’âge de pierre».

«Après un an et demi de dur travail, j’ai cru bon d’avoir une nouvelle équipe pour donner un nouveau souffle au travail à faire au ministère de la Santé, qui est un peu un monstre. C’est le grand défi de gestion au Québec.» -François Legault, premier ministre du Québec

La dernière fois que le ministre de la Santé n’était pas directement issu de ce milieu, c’était en 2002. Et il s’agissait de François Legault lui-même. «Je crois que c’est possible, quand on est un homme d’affaires, d’améliorer les choses dans le réseau de la santé», a-t-il illustré.

McCann cache mal sa déception

Le chef de la CAQ l’admet: la décision de déplacer Danielle McCann «n’a pas été facile», celle-ci ayant fait beaucoup pour l’autonomie des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et des pharmaciens, mais aussi pour la télémédecine. La principale intéressée, elle, a toutefois bien mal caché sa déception.

«C’est sûr que moi, j’étais venue en politique pour la Santé. C’est la prérogative du premier ministre de faire des choix. Et je le respecte beaucoup.» -Danielle McCann, nouvellement ministre déléguée à l’Enseignement supérieur

«Je suis très contente de ce que j’ai fais en santé. […] Aujourd’hui, tous les Québécois peuvent avoir accès à du sans rendez-vous», a-t-elle ajouté. À Christian Dubé, qui la remplacera, Danielle McCann n’a qu’un conseil: «il faut se préparer adéquatement à la deuxième vague, c’est majeur». Selon le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, il a y effectivement 95% de chances que le virus resurgisse cet automne.

M. Dubé, lui, a dit vouloir «s’inscrire dans la continuité». «Toute l’emphase qu’on a mis sur la première ligne, on croit encore que c’est la bonne chose à faire. Le défi, il est là, et il est grand. On ne peut pas réussir ce que Mme McCann a commencé en vase-clos», a-t-il souligné.

Jolin-Barrette à la Justice, Lebel au Trésor

Simon Jolin-Barrette, qui a notamment piloté la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), deviendra pour sa part le plus jeune ministre de la Justice que le Québec ait connu. «Pour moi, Simon fait partie de la relève des jeunes nationalistes», a lancé M. Legault, vantant ses qualités de «juriste chevronné et passionné». Le député de Borduas demeurera leader parlementaire et conservera les dossiers de langue française.

La ministre de la Justice, Sonia Lebel, change elle aussi de rôle. Elle prend le chemin du Conseil du Trésor. Deux chantiers prioritaires l’attendent: piloter les dures négociations avec les quelque 5000 employés syndiqués de la fonction publique, et faire adopter le controversé projet de loi 61.

C’est la ministre des Relations internationales, Nadine Girault, qui prendra sa place au ministère de l’Immigration. «Je suis certain que Nadine aura un ton différent de Simon», a lâché François Legault, réitérant que l’objectif demeure «de privilégier le choix de nouveaux arrivants qui répondent aux besoins du marché du travail».

Par ailleurs, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, s’ajoute au comité des priorités de la relance économique, tel que le réclamaient plusieurs organismes.

Un remaniement ministériel qui inquiète

Les trois partis d’opposition sont unanimes: en retirant le dossier de la Santé à Danielle McCann, le gouvernement veut masquer sa mauvaise gestion de crise.

«Ce remaniement est l’admission explicite du premier ministre du manque de préparation de son gouvernement, et du refus de tenir compte des voyants qui s’allumaient entre les mois de décembre et de mars.» -Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

À Québec solidaire, la co-porte-parole, Manon Massé, s’inquiète aussi. «Quel message le gouvernement envoie-t-il en nommant un financier à la tête du ministère de la Santé alors qu’il vient d’annoncer sa volonté de revenir à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans? Alors que le Québec a besoin de remettre sur pied ses services publics, ce remaniement n’augure rien de bon», scande-t-elle.

Même son de cloche pour le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé. «Le changement de ministre et sous-ministre de la Santé en pleine pandémie nous indique que le gouvernement reconnaît l’échec de ses préparatifs en CHSLD. Le Québec compte près des deux tiers des décès liés à la COVID-19 au Canada, alors que nous ne formons que 23% de la population…», conclut-il.

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