Soutenez

Au-delà du chef

Quand une organisation se place sous la protection de la Loi sur la faillite, une lumière rouge s’allume sur le tableau de bord des consommateurs. On regarde attentivement, on soupèse les risques avant de l’acheter. On veut s’assurer que l’entreprise sera encore là pour honorer la garantie et pour le service à la clientèle. La même règle s’applique aux partis politiques. À force de le comparer au Titanic ou de laisser présager sa disparition, les membres du PQ encouragent les citoyens à regarder ailleurs. Si les principes de solidarité et de fidélité ne s’appliquent pas à la garde rapprochée d’une formation politique, pourquoi devrait-elle s’appliquer à l’électorat?

Les chicanes au PQ occu-pent toute la place. La forme l’emporte ainsi sur le fond, et les d’idées cèdent le pas à la stratégie. Tous partagent leurs états d’âme sur la place publique, faisant de Pauline Marois la source de tous les déboires du parti. Pourtant, le déclin du PQ ne date pas d’hier. En 2007, il était relégué au rôle de deuxième opposition.

On peut donc se demander lequel est venu en premier : l’œuf ou la poule? Les déboires du PQ ou ceux de Pauline Marois? Le dernier sondage Léger Marketing publié cette semaine apporte un éclairage intéressant. La performance de la chef figure au troisième rang des raisons qui expliquent la contre-performance du Parti québécois. L’importance de la souveraineté comme enjeu prioritaire et la chicane au PQ sont les causes les plus souvent évoquées par les électeurs portant leur choix sur d’autres formations politiques.

Au lieu de se diviser, on pourrait miser sur les forces de Pauline Marois. Elle est, pour les répondants, celle qui se préoccupe le plus des intérêts des citoyens et la plus intègre. Des attributs porteurs qui pourraient normalement se traduire en intentions de vote. On constate au contraire que, lorsqu’elle est attaquée de toutes parts au sein même de son organisation, ses qualités de leader sont aux plus bas. Les solutions magiques n’existent pas. On peut bien penser que Gilles Duceppe fera mieux, mais certains problèmes de fond demeureront : l’option comme telle et le chemin pour s’y rendre.

Une alliance stratégique avec Québec solidaire ne réglera pas tout non plus. S’il fallait qu’une entente survienne, rien ne dit que le vote suivrait. Bien des électeurs risqueraient de s’abstenir ou de reporter leur attention sur d’autres partis si leur premier choix ne figurait pas sur le bulletin de vote.

Il y a une grande volatilité dans l’électorat. La population est en quête de changement. Elle veut qu’on lui propose des projets porteurs. Comme pour les entreprises qui sortent d’une période de turbulences, le PQ doit repenser son offre et la positionner de manière à mobiliser les gens. Un simple changement de chef risque de ne pas être suffisant.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.