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Coronavirus: vers le dépistage systématique des personnes à risque?

Une longue file d'attente devant une clinique de dépistage du coronavirus à Parc Extension.
Une file de personnes en attente d'un test de dépistage de la COVID-19 au CLSC de Parc-Extension, le 10 septembre. Photo: Josie Desmarais/Métro

Une étude recommande le dépistage systématique de toutes les personnes à risque de contracter le coronavirus, qu’elles présentent ou non des symptômes. Une mesure coûteuse, mais préférable à un nouveau confinement de l’économie, selon ses auteurs.

Des experts de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill ont analysé les mesures que devraient prendre les autorités des différentes provinces du pays afin de pouvoir offrir un test de dépistage aux personnes jugées à risque de contracter le coronavirus.

Il s’agit notamment des personnes ayant été en contact avec des cas positifs au coronavirus, des employés du réseau de la santé et de ceux qui oeuvrent dans des résidences pour personnes âgées. Les chercheurs incluent également dans cette liste les employés d’entreprises jugées essentielles qui ont beaucoup de contacts avec le public de même que les élèves et le personnel des écoles primaires et secondaires.

«Il y a évidence que les enfants d’âge scolaire sont aussi contagieux que les ados et que généralement, ils sont asymptomatiques. Le problème, c’est qu’ils risquent d’apporter [le coronavirus] dans leur domicile et infecter leurs parents», soulève à Métro l’épidémiologiste Richard Menzies. Ce dernier est l’un des auteurs de cette étude, parue mercredi dans le Journal de l’Association médicale canadienne.

Selon de récentes études, les cas asymptomatiques au coronavirus seraient d’ailleurs responsables de plus de la moitié de la transmission communautaire.

«Ainsi, le dépistage des personnes présentant peu ou pas de symptômes apparaît comme un élément essentiel [à inclure dans] une stratégie globale de réouverture de l’économie sans créer une recrudescence épidémique», estiment les auteurs de l’étude.

Coûts et main-d’oeuvre

Actuellement, la facture mensuelle des tests de dépistage à l’échelle du pays s’élève à près de 68 M$, selon l’estimation des chercheurs. La mise en place d’un système de dépistage systématique des personnes jugées à risque de contracter le coronavirus ferait toutefois gonfler cette facture à plus de 1,3 G$ pour une seule «ronde» de tests, indique l’étude. De ce montant, 816 M$ seraient déboursés seulement pour des tests de dépistage en milieu scolaire.

Un tel système de dépistage nécessiterait par ailleurs la mobilisation de dizaines de milliers d’employés de la santé supplémentaires à l’échelle du pays, indique l’étude.

L’étude propose ainsi aux différents gouvernements de mobiliser plus d’étudiants en médecine et de «tirer parti d’autres professionnels de la santé» pour mettre en pratique une telle pratique de dépistage.

«On a actuellement une grande perte d’emplois [en raison de la pandémie], donc il y a beaucoup de personnes qui cherchent un travail», souligne M. Menzies.

Une question de «détermination»

Dans les derniers jours, les files d’attente se sont allongées devant de nombreuses cliniques de dépistage, notamment dans certains secteurs de l’île de Montréal, sur la Rive-Sud ainsi qu’à Québec. Une situation que la Santé publique associe notamment à la rentrée scolaire, qui a incité de nombreuses familles à aller subir un test de dépistage. Mercredi, la directrice régionale de santé publique de Montréal, Mylène Drouin, a fait état de 69 cas de coronavirus détectés dans 64 écoles de Montréal.

«On ne peut pas juste dire qu’on va avoir un dépistage en masse. Ça prend les ressources nécessaires. Ça prend la détermination suffisante des gouvernements. S’ils désirent le faire, ils peuvent le faire. Ils ont la capacité.» -Richard Menzies, épidémiologiste

Améliorer le dépistage

Afin d’améliorer l’efficacité du dépistage des cas tout en réduisant leurs dépenses à cet égard, les provinces canadiennes devraient miser sur les tests de dépistage par la salive, propose également l’étude. Cette méthode, que le gouvernement Legault envisage d’utiliser, serait d’ailleurs moins invasive que la technique actuelle, ce qui constitue un «facteur clé» à prendre en compte, considérant la rentrée scolaire.

«Si on fait le test par l’échantillon de salive, il n’y a pas de douleur et de risques», soulève M. Menzies. Une telle méthode pourrait donc rendre le dépistage plus accessible aux enfants, estime Richard Menzies.

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