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CHSLD privés: «le personnel fait des douze heures» en ligne

Une employée de soins
Photo: David Ramos/Getty Images

Angle mort de la deuxième vague, selon un syndicat, certains CHSLD privés demandent à leur personnel de «faire des douze heures» d’affilée pour éviter les éclosions. Pourtant, dans des établissements comme Marcelle-Ferron, à Brossard, la situation continue de péricliter.

Selon les chiffres obtenus lundi matin par Métro, quatre personnes sont décédées dans les dernières 24 heures à Marcelle-Ferron, un CHSLD privé conventionné. Au total, on dénombre 22 morts depuis le 28 septembre, d’après un document de l’employeur.

En comparaison, 26 résidents sont guéris.

Le centre d’hébergement de la Rive-Sud compte actuellement 74 cas. Sur le plan du nombre absolu d’infections, Marcelle-Ferron se situe parmi les pires de la province. En incluant les cas rétablis, les décès et les personnes déplacées, le centre d’accueil compte 122 tests positifs depuis la fin du mois de septembre.

Interrogé sur l’avancement de l’éclosion, lundi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a convenu que la situation était «difficile» dans ce CHSLD de Brossard. «Il n’y a rien de drôle quand on n’est pas capable de contrôler l’éclosion», a-t-il indiqué.

Temps supplémentaire

Tout comme à Marcelle-Ferron, les employés du CHSLD privé Champlain–Chanoine-Audet, à Lévis, «ont accepté de passer à temps complet», relate la présidente du secteur privé de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Sonia Mancier.

«On n’y arrive plus», lance-t-elle.

«Demandez à des employés de faire des douze heures tous les jours, vous allez voir qu’à un moment donné, ça ne passe plus.» – Sonia Mancier

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre – qui encadre le CHSLD Marcelle-Ferron – affirme être à pied d’oeuvre pour offrir les services prévus. «Une équipe composée d’une gestionnaire et de conseillères en soins infirmiers et en prévention et contrôle des infections (4 personnes)» s’est déplacée la semaine dernière et cette fin de semaine.

Trois infirmières et deux infirmières auxiliaires seront par ailleurs prêtées à l’établissement brossardois. Le CISSS affirme avoir effectué jusqu’à ce matin des tests d’ajustement – «fit test» – pour les masques N95 envoyés sur place.

Deux poids, deux mesures?

Selon Mme Mancier, la gestion du personnel a un impact direct sur le contrôle des éclosions. Et les centres d’hébergement privés passent derrière leurs équivalents publics dans la liste de priorités gouvernementales, estime-t-elle.

«On se ramasse avec les miettes, illustre la représentante syndicale. Ils gardent des ressources pour leurs CHSLD publics. Mais à un moment donné, si les établissements privés sont rattachés aux CISSS, ils doivent bénéficier des mêmes services.»

Le ministre de la Santé se déçoit de la réaction du syndicat.

«Tout le monde devrait se regarder [soi-même]», a-t-il avancé, faisant référence à une lettre envoyée cette fin de semaine dans les CISSS et les CIUSSS qui demandait aux employés de ne pas relâcher leur respect des mesures dans les centres d’hébergement.

Ça ne s’améliore pas

Les plus récentes données du ministère font état de 15 cas à Champlain–Chanoine-Audet. Dans un autre CHSLD privé, le Vigi Reine-Élisabeth, à Montréal, le total s’élève à 12.

Mais c’est Marcelle-Ferron qui inquiète plus que tout les syndicats. «Il y a un fait, c’est que les chiffres continuent de monter. Donc, la situation n’est pas sous contrôle. Ça, c’est sûr», constate Sonia Mancier.

L’employeur doit tenir une rencontre avec le syndicat lundi après-midi.

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