1er juillet: c’est déjà la frénésie chez les déménageurs
Les professionnels de l’industrie se montrent sans équivoque, une vague de déménagements déferlera sur la province début juillet. S’il est encore possible de réserver un camion, l’important volume d’appels enregistré devrait être un incitatif à se mettre à la recherche sans plus tarder.
En amont de la période de pointe du calendrier annuel des déménageurs, la cadence est déjà bien installée. Le téléphone sonne à un rythme soutenu et on ne prévoit pas d’accalmie au cours des prochains mois.
«C’est sûr qu’il y a une augmentation, entre autres parce que beaucoup de déménagements ont été reportés à cause de la COVID. La demande est plus forte cette année dans le rush comme on dit, de fin juin à début juillet, confirme Yvan Plante, directeur de la division après sinistre chez Déménagement & Entreposage Aarion, situé à Montréal-Est. Toutes nos équipes le matin sont pas mal réservées pour le début juillet, ça fait un bon bout.»
Parmi ses observations: la clientèle s’y prend définitivement plus tôt. Dans le domaine depuis une trentaine d’années, il remarque une nette différence. Un constat appuyé par le propriétaire de Déménagement Le Clan Panneton. «On voit vraiment que les gens sont beaucoup plus d’avance qu’à l’habitude», indique Pierre-Olivier Cyr.
Les réservations hâtives et la demande grandissante s’expliquent par divers facteurs, dont le contexte de crise sanitaire qui favorise le recours aux déménageurs professionnels.
«Je pense que c’est en grande partie parce que les gens ne peuvent pas se déménager entre eux. Tu ne peux pas louer un camion et déménager entre amis, c’est toujours interdit de se rassembler par le gouvernement. C’est une des raisons pour lesquelles ils font affaire avec des compagnies reconnues, souligne M. Cyr. Depuis qu’on a été classé service essentiel, je vous dirais que c’est fou et que ça n’arrête pas du tout.»
Le commentaire spontané de Josée chez Déménagement V.I.P Express sur la 57e Avenue va dans le même sens. «La folie furieuse! À partir de ces temps-ci jusqu’au mois de juin, c’est un après l’autre», lance-t-elle, manifestement occupée.
Répercussions
Les impacts de la pandémie se reflètent sur les causes des déménagements. L’industrie est témoin des dures réalités de la COVID depuis le printemps dernier. «C’est triste, mais on a fait beaucoup de successions et de séparations cette année. Peut-être à cause du confinement, il y a eu plusieurs bobos conjugaux qui se sont manifestés par des séparations, observe le propriétaire de l’entreprise Excellence DLT située à Saint-Léonard, Abdallah Dezrati. On est là pour déménager les gens, essayer de rendre cette expérience un peu moins stressante et un peu plus facile.»
Un autre type de rupture continue de gagner en importance, ajoute-t-il. Celle des Montréalais avec la métropole. «Une tendance assez remarquable cette année, c’est le monde qui quitte Montréal pour les banlieues et même pour plus loin au Québec. On a beaucoup plus de demandes pour des trajets de moyenne distance à partir de Montréal», mentionne M. Dezrati.
Un phénomène sans doute accentué par la montée en flèche du télétravail. Les banlieues et les régions sont convoitées par de nombreux travailleurs qui ne les avaient jusqu’alors pas envisagées.
Au volet des considérations financières, si certaines compagnies ont profité de la frénésie pour hausser leurs tarifs, plusieurs déménageurs font plutôt des pieds et des mains afin de ne pas toucher à la facture du client.
«Il y a une hausse des prix, je la vois et je l’entends. Certains déménageurs vont augmenter leurs tarifs, mais personnellement je suis totalement contre ça. Les gens sont déjà mal pris, est-ce qu’on est obligé de les étouffer avec des surcharges?, questionne M. Plante de Déménagement & Entreposage Aarion. Non, et c’est d’ailleurs ce que j’aime le moins actuellement.»
Il assure que leurs tarifs sont demeurés inchangés, malgré les coûts supplémentaires bien réels inhérents aux mesures sanitaires. «Notre 1er juillet est à 250$, le même prix que l’année dernière. Mais c’est certain que la demande est là. On pourrait vendre un déménagement le 1er juillet à 350$ de l’heure et on n’aurait pas de misère à réserver les camions.»
Même son de cloche de la part de Pierre-Olivier Cyr. «Les coûts d’opération ont explosé pour les déménageurs. Des centaines de milliers de dollars, sans blague. Chez Déménagement Le Clan Panneton, nous n’avons toutefois pas refilé la fameuse taxe COVID aux clients et ça fait maintenant un an. Mais c’est sûr qu’il va falloir que ça lâche un moment donné, parce que ça devient dur à soutenir.»
Enfin, tous rappellent l’importance d’entamer ses démarches promptement. Que ce soit en termes de budget ou d’échéancier, les retardataires courent le risque d’arriver perdants.