Tout ce qui traîne…
J’ignore si Bernard Drainville et Pauline Marois savaient exactement dans quoi ils s’embarquaient avec leur Charte des valeurs québécoises? J’imagine que oui mais, à ce point-là, permettez-moi d’en douter fort fort.
Qu’il y ait derrière l’opération une stratégie électoraliste, ça, j’en suis certain. Que les libéraux essaient de capitaliser là-dessus pour marquer des points parmi les opposants, je le suis encore plus. Et la CAQ dans tout ça? Ben c’est ça, la CAQ, toujours 15 jours plus tard dans les Maritimes…
En déposant ce document «pour fins de discussions» en vue du dépôt d’un futur et ambitieux projet de loi, ce gouvernement minoritaire (on le rappelle) a surtout provoqué une empoignade qui laissera des blessures cruelles qui seront très longues à guérir pour l’ensemble de la population québécoise. Il est même permis de se demander si on ne parlera pas du Québec «d’avant» et du Québec «d’après».
Depuis la sortie dudit document, on est exposé au suremploi d’un mot qui n’a jamais fait partie de notre fiche signalétique : racistes.
Oui, il y a toujours eu ici un fond de xénophobie souvent bien camouflé par un édredon d’ignorance bien épais. S’agissait d’entendre comment certains de nos aînés articulaient le mot «étranger» avec le bec pincé pour bien saisir la chose. Oui, comme à peu près partout ailleurs, on a parfois sombré dans l’intolérance crasse. Parlez-en aux «maudits Français», aux «pollocks» et aux «whops» des temps d’hier… Faute de leur reprocher leur religion puisqu’on partageait souvent la même, on préférait les qualifier de «voleurs de jobs». Ne me dites pas que vous l’avez oublié…
Sauf que là, j’ai bien peur que l’on soit passé à un niveau supérieur. Au cours des dernières semaines et surtout des derniers jours, j’ai entendu des immigrants nous traiter de racistes. J’ai même entendu des Québécois se définir, presqu’avec fierté, comme étant racistes. Du délire de part et d’autre. Dans l’utilisation du mot maudit, il y a une banalisation qui fait peur.
Qu’on se le dise et qu’on se le répète, il n’y a rien de plus inacceptable au monde que le racisme. Prenez la définition au pied de la lettre, ça dit : «idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les êtres humains, les races». C’est pas nous ça. Pas nous du tout même.
Que ce soit par enflure ou dans un accès d’imbécillité, il arrive parfois qu’on choisisse un mot approximatif pour être bien certain de ne pas rater la cible qu’on pointe. Mais dans le cas qui nous préoccupe présentement, j’en appelle à la vigilance de tous. Refusez à qui que ce soit l’utilisation – même farfelue – du mot «raciste», le mot le plus laid dans toutes les langues du monde.
Vous savez comment c’est : parfois, quand on laisse traîner des affaires trop longtemps, on peut finir par croire que ça fait vraiment partie du décor…
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Vu : le film La maison du pêcheur d’Alain Chartrand. Aimé? Pas vraiment. Quelques qualités – notamment la photographie de Pierre Mignot – mais, malheureusement, des dialogues pour le moins surréalistes que l’on croirait tout droit sortis d’un manuel de gauchisme 101 et livrés sans aucune mise en bouche. Dans la collection du cinéma politique québécois, ce film ne se retrouvera sûrement pas dans le même rayon que Les ordres de Michel Brault. Dommage.
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Aussi vu : la pièce La Vénus au vison qui est présentée chez Duceppe. J’ai adoré. Pas tant la pièce que l’extraordinaire performance d’Hélène Bourgeois-Leclerc et de Patrice Robitaille. Ils y sont jusqu’à la mi-octobre. Si vous passez dans le coin, en tout cas…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.