Pour un libre accès aux articles scientifiques
Alors que débute la semaine du Open Access, des chercheurs des quatre coins du globe appellent les universités à adopter une politique globale de libre accès aux articles scientifiques. Chaque année, quelque 2,5 millions d’articles scientifiques sont publiés dans près de 25 000 revues. De ce nombre, seuls 15 % sont offerts librement par leurs auteurs.
«L’UQAM ne peut se permettre de s’abonner qu’ à une fraction des 25 000 revues qui existent, a noté Stevan Harnad, professeurs au Département de psychologie de l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences cognitives. Les chercheurs n’ont donc pas accès à tous les articles parus. Et s’ils n’ont pas accès à ces articles, ils ne peuvent pas bâtir d’autres recherches sur celles qui existent. La recherche avance alors moins vite.»
Une équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et de l’Université de Southampton, au Royaume-Uni publie, aujour-d’hui un article démontrant que les publications scientifiques qui sont libres d’accès sont plus susceptibles d’être citées et donc reprises dans d’autres recherches. Pourquoi alors les scientifiques ne partagent-ils pas davantage leur travail?
«Les scientifiques ont peur de faire quelque chose d’illégal en publiant en Archives ouvertes leurs articles, a expliqué M. Harnad. Ils craignent des poursuites de la part des maisons d’édition qui publient leurs articles. Ils ont aussi peur de ne plus être en mesure de publier d’articles dans ces revues s’ils les mettent libres d’accès par la suite. Mais tout ça n’est qu’une lubie. Jamais une maison d’édition n’a poursuivi un chercheur ou n’a refusé de publier un de ses articles pour cette raison.»
À Montréal, seule l’Université Concordia dispose d’une politique qui oblige les chercheurs à donner un libre accès à leurs articles. Stevan Harnad souhaite que l’UQAM, McGill et l’Université de Montréal se dotent rapidement d’une telle politique. «Des économistes australiens ont démontré que les retombées d’une publication, en termes de progrès, sont 40 fois plus importantes que les coûts qu’elle a engendrés, a souligné M. Harnad. L’impact scientifique d’articles en libre accès est considérable.»
Les risques du manque d’accès
Les articles scientifiques libre d’accès peuvent faciliter la recherche. À l’inverse, un manque d’accès peut avoir des conséquences fâcheuses.
Hélène Bosc, une militante pour le libre accès en France, a relevé, dans un article paru en 2001, le cas d’Ellen Roche. Cette technicienne de laboratoire est décédée après s’être portée volontaire pour inhaler de l’hexaméthonium lors d’un protocole expérimental visant à vérifier le mécanisme de défense du corps contre l’asthme.
Ellen Roche est décédé 24h après avoir inhalé le produit, dont l’agrément avait été retiré par la Food and Drug Administration en 1972, en raison des risques d’intoxication qu’il posait.
«Le directeur de l’expérience a apparemment limité ses recherches à un manuel contemporain et à une recherche sur PubMed [une base de données scientifiques], a écrit Mme Bosc. Plusieurs articles publiés dans des périodiques des années 1950 ont montré que l’hexaméthonium pouvait induire une inflammation fatale des poumons. Malheureusement la base PubMed ne commence qu’en 1966.»
Hélène Bosc a appelé les chercheurs à mettre sur pied un «réseau de distribution gratuit de la connaissance universelle».