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Semaine des personnes handicapées: professeur d’handikaraté

Photo: Daphné Caron/Métro

Pour répondre à leurs besoins bien spécifiques, les personnes handicapées font appel à des bénévoles et à des travailleurs dont le commun des mortels soupçonne à peine l’existence. À l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées, Métro vous les présente dans une série de cinq portraits. Aujourd’hui, Mohamed Jelassi, professeur de «karated» et d’handikaraté.

Mohamed Jelassi enseignait le karaté aux jeunes lorsqu’il a eu parmi ses élèves un enfant différent, qui requérait plus d’attention. Il courrait dans tous les sens et avait plus de difficulté que les autres à apprendre ses katas, mais il a fini par obtenir sa ceinture. «Les parents m’avaient caché que leur enfant était autiste, de peur qu’il soit refusé, comme il l’avait été dans les autres dojos. Mais même s’ils me l’avaient dit, je ne savais pas ce qu’était l’autisme à ce moment-là!» raconte-t-il.

Touché par cette histoire, Mohamed décide non seulement de se renseigner sur l’autisme et les troubles envahissants du développement (TED), mais il complète un diplôme d’études supérieures pour intervenir auprès de cette clientèle. Grâce à ses connaissances, il développe ce qu’il appelle le «karated». «On ne connaît pas la cause, mais on sait que les troubles du spectre de l’autisme augmentent, dit-il. On a deux choix: se croiser les bras ou donner la chance à ces jeunes de se développer au meilleur de leurs capacités.»

Depuis, il enseigne à de petits groupes d’enfants accompagnés de leurs parents, dans le but que ceux-ci puissent se joindre à un dojo régulier. Ces jeunes ont peut-être plus de difficulté à communiquer, à se concentrer ou à mémoriser les mouvements, mais leurs capacités physiques sont les mêmes. Mohamed enseigne aussi le handikaraté, une discipline destinée à des personnes qui n’ont pas un usage complet de leurs membres inférieurs. «Le défi est différent: on doit trouver une façon de faire la technique, malgré le handicap», précise-t-il.

Désirant rendre ces sports plus accessibles, Mohamed a fondé l’Association de développement des arts martiaux adaptés (Adama). «Ces cours ne sont pas offerts parce que les professeurs ne savent pas comment faire ou parce que ce n’est pas rentable. Pour accorder la même attention à tous, il faut un entraîneur pour cinq élèves», explique-t-il.

Mohamed, lui, le fait pour les enfants. «Quand je recevais une médaille d’or en karaté, j’étais champion pour un jour, se souvient-il. Avec la maturité, j’ai appris que le seul moyen d’être champion tous les jours, c’est de se battre pour une cause.»

Arrivé de Tunisie il y a près de 10 ans, Mohamed se reconnaît aussi dans le combat de ses élèves. «L’autisme, c’est un trouble de communication et de socialisation. Quand j’ai immigré en 2005, je me sentais exactement comme ça, confie-t-il. Avec ce que je fais ici, je ne me sens plus comme un immigrant.»

Viomax

  • Le gym adapté Viomax, où se donnent les cours de «karated» et d’handikaraté, compte 900 membres.
  • En plus d’y trouver une salle de musculation accessible, on y donne des cours de yoga adapté, de natation et de ultimate frisbee en fauteuil roulant, entre autres.
  • Il s’agit de la seule salle de conditionnement physique entièrement accessible pour les personnes en fauteuil roulant et les personnes à mobilité réduite de la grande région de Montréal.
  • Site internet: viomax.org

Sur le web
L’Association de développement des arts martiaux adaptés

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