Prisonnières politiques
Derrière chaque grand homme, il y a une femme. Enfin, c’est ce que l’on dit. Alors, quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi, quand le grand homme en question rapetisse d’une couple de pouces en se faisant pincer dans une sordide histoire de cul, on insiste toujours pour nous faire croire que la femme doit rester là malgré tout?
Je pensais à ça la semaine dernière quand Eliot Spitzer, désormais ex-gouverneur de l’État de New York, est venu avouer devant toutes les caméras de l’Occident réunies qu’il avait consacré une bonne partie de son argent de poche aux plaisirs de la chair plutôt qu’à la préparation de ses prochaines vacances familiales. Pendant l’allocution du monsieur, son épouse se tenait derrière lui, la face longue comme un madrier. Elle était là, pièce de décor essentielle de ce triste théâtre qui nous a déjà présenté plusieurs spectacles dans le même genre. Miséricordieuse et digne dans l’épreuve. Dignité, mon oil! Qu’y a-t-il de digne pour la cocufiée du jour de s’afficher en compagnie d’un conjoint qui a fait affaire avec
une pute, aussi luxueuse soit-elle?
Ma foi, il n’y a qu’en politique que l’on croit que le bon peuple est épais, au point d’essayer de lui faire avaler des couleuvres aussi énormes. Y croyez-vous une seconde à ce grand pardon beurré à grands coups de «make-up»? J’imagine que cette autre parade ridicule est une fois de plus l’ouvre des «faiseux» d’images. Après ça, on nous demande pourquoi on se méfie du milieu de la politique et que l’on est si cyniques face à ceux qui en font partie. C’est pourtant si simple : on ne fait que leur rendre le mépris qu’ils nous réservent, un point c’est tout.
Mais il y a plus triste encore dans cette histoire. Pourquoi, même en 2008, le rôle de trop de conjointes de politiciens se résume-t-il encore à celui de potiche de service? Et ensuite, pourquoi tant de femmes acceptent-elles ce triste sort? Tant que celles-ci voudront servir d’accessoires à ces grands hommes qui n’en sont pas, les choses resteront pareilles. Ça doit être le prix à payer pour vouloir se coller aussi aveuglément au pouvoir. Pour le meilleur et pour le pire. Surtout le pire…