Une semaine d'action contre l'austérité est lancée
MONTRÉAL – Une manifestation organisée symboliquement dimanche au parc Émilie-Gamelin, lieu de départ de plusieurs marches étudiantes au printemps 2012, a donné le coup d’envoi de la semaine nationale d’«actions dérangeantes contre l’austérité».
Des représentants de 85 groupes sociaux voulaient ainsi avertir le gouvernement Couillard qu’il fera face à un printemps «chaud». Des coups d’éclat sont prévus chaque jour de la semaine, un peu partout au Québec, notamment devant des bureaux de circonscription de députés. Et chaque samedi à compter du 21 mars, une manifestation aura lieu pour dénoncer l’austérité, un mot que n’utilise pas le gouvernement Couillard, préférant parler de «rigueur budgétaire».
Devant des manifestants enthousiastes réunis dimanche par une radieuse journée d’hiver, la coporte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, Véronique Laflamme, a soutenu que le ras-le-bol se fait sentir partout.
«On coupe partout, dans les écoles et les cégeps, parmi les groupes de femmes, dans les programmes culturels, l’aide sociale, l’aide au logement, dans la protection de la faune (…). Le saccage se fait aussi dans le transport adapté, les programmes d’intégration à l’emploi. Ça fait mal partout et nous allons riposter. Assez la démolition des services publics!» a tonné la jeune militante.
À l’approche du prochain budget québécois, la coalition arrive avec ses suggestions.
«Il faut que le gouvernement recule. C’est dramatique. Regardez du côté des paradis fiscaux, de la taxe sur le capital des banques, chez les plus nantis de la société», a lancé la porte-parole de la coalition.
Il y aura une quarantaine de manifestations, dont plusieurs originales, pour tenter de faire fléchir le gouvernement Couillard.
«Cette semaine nationale contre l’austérité sera historique, a prédit Mme Laflamme. Il y aura cinq ou six événements par jour partout au Québec pour dénoncer les conséquences néfastes des coupes qu’on nous impose», a-t-elle ajouté.
Ces coups de semonce auront lieu notamment dans plusieurs quartiers de Montréal, à Laval, Sainte-Thérèse, Sherbrooke, Québec, Gatineau et jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine, a précisé la coalition.
Ainsi, mardi matin à Saint-Félicien, dans la circonscription du premier ministre Couillard, une «guerre des tuques» est prévue.
À La Baie, des manifestants doivent construire un «mur de glace» devant le bureau du député libéral Serge Simard.
À Montréal, la très militante Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) tiendra, mercredi à 7 h 30, un rassemblement à la tour de la Bourse, sous le thème «taxer le capital, y a pas un banquier qui va mourir de ça».
«Et ça fait juste commencer», a averti Véronique Laflamme, qui était notamment accompagnée de la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi.
Dimanche soir, l’ASSÉ a dévoilé des bribes du plan d’action adopté à l’occasion d’un congrès spécial tenu pendant le week-end.
L’organisation, qui représente quelque 80 000 membres dans les cégeps et universités de la province, refuse de dénoncer les gestes de désobéissance civile qui pourraient être faits par ses membres au cours des prochains jours, a indiqué la porte-parole Camille Godbout.
«Au contraire, ces gestes s’inscrivent dans une mobilisation. Plusieurs groupes font de la désobéissance. C’est par une diversité d’actions qu’on va faire passer notre message face à un gouvernement arrogant», a-t-elle soutenu lors d’un entretien avec La Presse Canadienne.
Elle a indiqué que depuis plusieurs mois, la question de l’austérité est à l’ordre du jour au sein des associations membres, qui ont abordé cette question avec les étudiants.
Mme Godbout a indiqué que 13 000 étudiants ont déjà voté et qu’ils seront en grève du 23 mars au 2 avril. Des consultations seront menées jusqu’à la fin du mois au sein des autres associations membres de l’ASSÉ.