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Les aspirants chefs du PQ enfilent les gants

Photo: Archives Métro

QUÉBEC – Le thème de l’indépendance a enflammé le débat des candidats à la direction du Parti québécois, jeudi, avec Bernard Drainville comme bougie d’allumage.

Particulièrement agressif, le député de Marie-Victorin semblait vouloir faire flèche de tout bois à un mois de l’élection du nouveau chef.

En outre, il a mis en garde les militants contre la tentation de couronner le meneur dans la course au leadership, Pierre Karl Péladeau, un «mirage» à son avis.

«On a cette tentation de s’accrocher à l’idée de l’homme providentiel, du sauveur, moi, je pense que c’est un mirage», a déclaré le député.

Les Québécois n’ont pas besoin d’un Messie, mais d’un leader capable d’affronter Philippe Couillard en Chambre et de répondre aux journalistes jour après jour «sans s’enfarger», a ajouté M. Drainville, faisant allusion aux nombreux malentendus qui émaillent les relations de M. Péladeau avec la presse.

M. Drainville donné le ton dès le début du débat en exigeant des «réponses» à M. Péladeau au sujet de son échéancier référendaire.

«Ou bien tu n’as pas de plan et c’est très inquiétant ou bien tu en as un et tu ne veux pas nous le dévoiler et si jamais tu es élu on sera pogné avec et on ne saura pas pourquoi on a voté», a lancé M. Drainville, reprochant à son adversaire de chercher «un chèque en blanc».

Le député de Saint-Jérôme et actionnaire de contrôle de l’empire Québecor a répété calmement qu’il n’entendait pas se laisser enfermer dans une mécanique référendaire. Avant d’entreprendre les grandes manoeuvres vers l’indépendance «il faudra gagner les élections, Bernard», a fait valoir M. Péladeau.

«Nous avons trois années et demi (avant les prochaines élections) pour démontrer les avantages et les bénéfices de l’indépendance, je vais m’y engager au lendemain de la course», a-t-il dit.

M. Péladeau a rappelé son engagement de créer un institut de recherche sur l’indépendance, une proposition raillée par le candidat Pierre Céré pour qui l’indépendance du Québec ne passe «ni par l’Écosse, ni par la Catalogne, ni par un institut de mathématiques quantiques».

«Ce n’est pas un institut de recherche quantique, je ne trouve pas ça drôle, a rétorqué M. Péladeau. Ça prend des arguments (pour vendre l’indépendance à la population).»

Après avoir visé le favori de la course, M. Drainville s’en est pris à Alexandre Cloutier, affirmant que sa proposition de registre visant à recueillir la signature d’un million de Québécois en faveur d’un référendum était vouée à l’échec.

«Je n’y crois pas parce que tu ne seras pas capable de répondre à la question qui tue, a déclaré M. Drainville. Moi, je veux être capable de répondre à la question s’il va y avoir un référendum ou pas et tu ne pourras répondre à cette question parce que tu vas dire, ça dépend si j’ai mes signatures.»

M. Cloutier, ennuyé par une extinction de voix, a rétorqué avec un coup de massue.

«Bernard, avec tout le respect que j’ai pour toi, depuis le début de la course à la chefferie, tu as changé trois fois d’idée sur la souveraineté», a-t-il dit.

Piqué au vif, M. Drainville a accusé le député de Lac-Saint-Jean d’avoir lui-même tourné le dos aux positions du Parti québécois aussitôt après la défaite électorale.

«Ce n’est pas moi qui a renié la charte (des valeurs) le lendemain de l’élection comme toi tu l’as fait, ce n’est pas moi qui a renié la gouvernance souverainiste dont tu étais le ministre responsable et ce n’est pas moi qui a renié Anticosti qui était la position du gouvernement dont tu faisais partie», a-t-il relaté.

M. Drainville a par la suite brandi le mémoire de maîtrise de M. Cloutier, écrit en 2003, et dans lequel il suggère la tenue de deux référendums — un pour négocier avec Ottawa, l’autre sur la souveraineté — avec un arbitrage ultime de la Cour suprême en cas d’impasse avec le fédéral.

«Est-ce que tu vas renier ce que tu as écrit en 2003 aussi vite que tu as renié la laïcité?», a demandé M. Drainville.

«Bernard, tu fais référence à un travail universitaire», a répondu l’élu jeannois sur le ton de l’exaspération.

La seule femme inscrite dans la course, Martine Ouellet, est restée à l’écart des escarmouches et n’a pas dérogé de son plan de match. Elle a invoqué l’urgence de quitter la fédération canadienne avec un référendum dès le premier mandat d’un nouveau gouvernement du PQ.

«Je vous demande de sortir du discours mou, flou et ambigu», a-t-elle dit à l’intention des candidats à la chefferie.

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