Réfugiés: Harper ouvre une petite brèche
OTTAWA — Stephen Harper s’apprête peut-être à céder aux pressions de ceux qui lui réclament d’accélérer l’accueil de réfugiés syriens.
En réponse à une question, jeudi matin, lors d’un arrêt à l’Île-du-Prince-Édouard, le chef conservateur a semblé ouvrir une brèche.
«Je ne suis pas en position de faire une annonce aujourd’hui (…). Nous irons de l’avant avec certains plans là-dessus dans un avenir rapproché», a déclaré le premier ministre sortant, lorsqu’on lui a demandé de préciser quelles mesures spécifiques il prend pour accélérer l’accueil des réfugiés syriens.
Depuis une semaine, M. Harper a répété tous les jours que son gouvernement en faisait assez, a déjà prévu d’accueillir plus de réfugiés de la région, et qu’il n’y a rien à faire de plus. Il disait également qu’il fallait se soucier de la sécurité du Canada parce que ces réfugiés viennent d’une région où il y a des terroristes.
Jeudi matin, il a repris ce discours, y ajoutant une préoccupation financière. Il a parlé de trouver un moyen «responsable et abordable pour les Canadiens».
Puis, il a refusé de spécifier quel risque représentent les réfugiés syriens. M. Harper a plutôt relaté un voyage qu’il a fait en 2014 où il a visité un camp, en Jordanie. «Ces camps sont armés, sont sous surveillance militaire», a-t-il dit, laissant entendre que leurs habitants sont dangereux.
«J’étais en Jordanie. J’ai fait une visite du camp de réfugiés. (…) J’ai reçu un briefing détaillé à propos de la sécurité des lieux. (…) Les camps dans cette région ne sont pas des camps de réinstallation de réfugiés. Ce sont des camps armés, sous surveillance militaire», a-t-il voulu se rappeler.
En 2014, M. Harper était entré en véhicule blindé pour rencontrer des travailleurs humanitaires, dans une section barricadée du camp. Il n’avait rencontré aucun réfugié.
Les journalistes qui ont accompagé le premier ministre sortant lors de ce voyage en janvier 2014 ont un souvenir un peu différent de l’endroit. Des jeunes familles, beaucoup d’enfants, beaucoup de misère, se rappellent ceux qui ont fait une visite moins superficielle des lieux.
Le camp de Zaatari, érigé en juillet 2012 pour accueillir les Syriens qui fuyaient leur pays à 12 kilomètres de là, était, en janvier 2014, le plus important camp de réfugiés au monde.
À l’époque, un article de La Presse Canadienne l’a décrit comme une petite ville de huit kilomètres carrés où 120 000 Syriens vivent, vont à l’école et tentent de toucher un salaire. Douze bébés y naissaient chaque jour, et la moitié de la population était composée d’enfants d’âge scolaire. Les familles étaient dirigées à 42 pour cent par des femmes. Les réfugiés vivaient dans des maisons faites de métal ondulé. Le camp était entouré de clôtures de fil barbelé.