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Duceppe propose une société pour financer les infrastructures environnementales

Bloc Quebecois leader Gilles Duceppe speaks to supporters during a federal election campaign stop in Varennes, Que., Tuesday, September 1, 2015. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes / La Presse canadienne

MONTRÉAL — Poignées de main sur la rue, salutations dans un bingo, visite des commerces du coin et… rencontre fortuite avec sa rivale néo-démocrate; Gilles Duceppe a passé une bonne partie de la journée de mercredi à faire du travail de terrain dans son ex-comté.

Car rien n’est acquis pour le chef du Bloc québécois, qui doit bosser fort pour espérer regagner la circonscription de Laurier-Sainte-Marie que la néo-démocrate Hélène Laverdière lui a ravie en 2011.

Devant d’anciens partisans qui admettent voter néo-démocrate, des passants renfrognés qui refusent de lui serrer la main ou une conférence de presse peu courue, M. Duceppe ne perd pas son aplomb. Serein? «Oui, je pense», confie-t-il en entrevue.

Dans un centre communautaire de la rue Amherst, une quarantaine de têtes blanches attendent patiemment le chef bloquiste, qui n’a que quelques minutes de retard, pour qu’enfin commence leur bingo hebdomadaire.

«Je ne vous dérangerai pas longtemps, je sais que c’est important, le bingo», lance Gilles Duceppe.

«La première fois que j’ai tiré les chiffres, j’ai voulu faire une blague et j’ai dit B-52. Le monde ne savait pas où c’était, parce que ça n’existe pas! On m’a dit: « ne fais pas de blague avec le bingo »», plaisante-t-il.

Il salue les gens, un à un, avec l’aisance de celui qui fait cela depuis 25 ans. Quelques minutes plus tard, dans la rue, une jeune femme et sa mère plus âgée s’émeuvent de le rencontrer. «On est intimidées! On est de grandes admiratrices. J’ai même convaincu mon mari, un anglophone de Vancouver, de voter pour vous», s’exclame la passante. «Ça fait dix ans que je vote pour vous», renchérit plus tard un commerçant.

Quelques mètres plus loin, il tombe nez-à-nez avec Hélène Laverdière, celle-là même qui a remporté en 2011 la circonscription avec 47 pour cent des voix, contre 36 pour M. Duceppe. Poignée de main amicale. Ce n’est pas la première fois qu’ils se rencontrent en faisant du porte à porte.

«Duceppe a plus de prestance que Laverdière. C’est un homme de terrain», chuchote un électeur du comté. Mais cet homme a tout de même voté pour la néo-démocrate en 2011. Et il pense faire de même en 2015. Il espère que Stephen Harper sera chassé du pouvoir et il aime bien Thomas Mulcair.

C’est ce type d’électeurs que Gilles Duceppe tente de convaincre. «C’est une bataille de tous les instants, mais il faut rappeler aux gens qui sont ces gens-là», explique-t-il, en référence aux néo-démocrates. Puis, il ajoute que M. Mulcair a voté pour Philippe Couillard — on ne peut pas être contre l’austérité de Harper et pour celle de Couillard, répète-t-il depuis un mois. Il juge aussi que la position de M. Mulcair sur le vote et l’assermentation à visage couvert pourrait lui faire perdre des plumes au Québec.

«Il nous reste encore du temps et des débats pour démontrer qu’on est la vraie solution. Force est de constater qu’ils ne se sont pas levés souvent à Ottawa pour parler du (Québec)», affirme-t-il.

Ses adversaires répliquent qu’il est facile de critiquer quand on ne prendra jamais le pouvoir à Ottawa et brandissent le spectre de la division du vote. Fatigué de devoir constamment justifier son existence? «Non. Sur la pertinence du Bloc, ça a toujours été l’arme des adversaires. Quand ils ne savent pas quoi dire, ils disent ça», affirme M. Duceppe.

Pour espérer regagner son ancien comté, M. Duceppe y passe au moins une journée par semaine. Cela n’a pas l’air de lui déplaire. «Ces gens-là m’ont manqué. C’est une chose qui m’a manqué de travailler sur des projets bien concrets, avec des groupes communautaires.»

Il énumère alors des projets qui lui tenaient à coeur et auxquels il est parvenu à donner un coup de pouce: des appartements pour filles-mères aux études, le journal l’Itinéraire, des parents menacés de déportation qu’il a pu retenir.

La circonscription sera difficile à reconquérir, les sondages le plaçant derrière Mme Laverdière. «Il faut travailler fort. Moi, j’ai confiance. Maintenant, on verra», laisse-t-il tomber.

Infrastructures

Un peu plus tôt, le chef bloquiste avait mis son grain de sel dans la surenchère des dépenses en infrastructures promises par les partis fédéraux en proposant de créer une société de financement des infrastructures environnementales. Il aimerait qu’Ottawa verse 40 milliards $ sur quatre ans dans cette société, qui pourrait servir notamment à financer des projets de protection des berges, des centrales d’assainissement des eaux ou les transports en commun.

M. Duceppe a signalé que le gouvernement fédéral investit six fois moins que Québec dans de tels projets, et qu’il est grand temps qu’il «fasse sa part». Selon lui, ces investissements relanceront l’économie de la province et corrigeront «en partie» le déséquilibre fiscal.

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