L’Excentris : silence, on ferme…
L’éclairage a été tamisé pour de bon dans les salles de l’Excentris. Pour ceux et celles qui désiraient garder un lien sur grand écran avec le cinéma d’auteur d’ici et d’ailleurs, la perte est cruelle. Depuis l’annonce de cette fermeture, les analyses fusent et je vais laisser aux experts en la matière le soin d’expliquer le contexte qui prévaut dans le milieu de la distribution de films. Sauf que, si vous le permettez, j’ajouterais qu’il n’y a pas que cela qui a cloché dans ce dossier au destin tordu.
Mon gros problème avec l’Excentris, c’est qu’entre sa conception et sa triste fin, j’ai vainement attendu la concrétisation du rêve annoncé. La proposition de base, on s’en souvient tous, était plus que séduisante et ses trois salles – indiscutablement les meilleures en ville – seront éternellement chéries. Toutefois, pour ce qui devait devenir un incontournable centre de création bourdonnant d’activité, désolé de saboter ce moment de tendresse obligée alors que le cadavre est encore tiède, mais le constat sera sec : l’Excentris n’a pas livré la
marchandise.
Ouvert il y a une quinzaine d’années, l’Excentris était le monument tangible de la réussite en affaires de son fondateur Daniel Langlois. Un lieu construit sans l’aide de l’État. Une exception. Le voir être devenu, depuis, une autre insatiable pompe à financement public ne faisait aucun sens par rapport à sa mission originale, qui devait faire la preuve par mille que la culture pouvait et allait s’auto-suffire. Au final, on aura prouvé exactement le contraire. Et rien ne pouvait laisser croire qu’un jour, il en serait autrement.
Il y a aussi l’implacable facteur de l’air du temps qui continue de faire des ravages. Ça compte, particulièrement dans ce cas-ci. Ce segment de la rue Saint-Laurent n’en finit plus de crever. De «très hot» dans les années 1990, il est passé à «zone sinistrée» 20 ans plus tard. Vous irez le constater par vous-même. Le monde change, les villes n’y échappent pas et les institutions, réelles ou annoncées peuvent elles aussi s’effondrer. Dans un ordre d’idées similaire, même le Spectrum – temple unanimement regretté s’il en est un – ne tiendrait probablement pas le coup dans le marché actuel. C’est tout dire…
Ajoutez à cela que «l’expérience client» (ils disent ça dans les écoles de marketing…) n’a jamais été particulièrement vibrante en ces lieux. Pas pour moi en tout cas. Aussi bien l’avouer, j’ai toujours trouvé la place sans âme et frette comme le stainless de ses bécosses. Était-ce à cause de la programmation plus pointue? De l’architecture néo-austère du bâtiment? Peut-être même qu’au fond, je ne me suis jamais vraiment remis de l‘époque où on devait acheter ses billets en parlant à des hublots… En franchissant les portes de l’Excentris, j’ai toujours ressenti ce léger coup de vent qui m’empêchait de devenir un addict de la formule. J’étais pourtant libre et bien disposé à le devenir.
Aujourd’hui, si je pleure la disparition de trois autres écrans au centre-ville de Montréal ainsi que la perte d’une trentaine de jobs, je pleure surtout ce rendez-vous manqué sur lequel nous avions tant misé.
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Philippe Couillard l’a confirmé : l’argent versé en trop aux médecins n’est pas récupérable. Si j’ai bien compris, je ne serai donc pas tenu de payer tous mes impôts cette année. Fiou, ça tombe bien, j’étais justement un peu serré…
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Non, je ne parlerai pas de Carey Price, non, je ne parlerai pas…
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Les conservateurs seraient sortis épuisés de leur dizaine d’années au pouvoir. On les comprend, on ressent la même affaire…