Québécois sans frontières: Le chapelier excentrique

Sa passion pour la mode a mené Isaac Larose sur des chemins insoupçonnés. Il conçoit aujourd’hui des chapeaux qui sont fabriqués en France et portés dans une douzaine de pays. Métro poursuit sa série de portraits de Québécois qui s’illustrent à l’étranger, mais qui sont pratiquement inconnus chez nous.
Lire aussi: Charles Lavoie, des bouteilles québécoises en Chine
Erika Lemay, artiste unique qui mêle acrobatie, contorsion, musique et danse
Sébastien Pilotte, mannequin à Tokyo
Alex Gaumond, chanteur de comédie musicale à Londres
Isaac Larose et son associé Marc Beauger ont fondé Larose Paris pour rigoler. Isaac effectuait en 2011 un échange étudiant de quatre mois à Science Po Paris. Il a alors rencontré Marc, un journaliste français, ancien responsable mode au magazine GQ, qui travaillait pour Les Inrocks à cette époque.
«On avait les mêmes références, des opinions similaires sur les marques et les styles, raconte le souriant chapelier en entrevue avec Métro. Il m’a proposé qu’on lance une marque ensemble. Cette idée n’avait pas de sens, mais je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Lancer une marque à Paris, ça pouvait juste être drôle!»
En brassant des idées dans un café, les deux hommes trouvent leur créneau: une casquette haut de gamme pouvant être portée avec des vêtements chics. «On aime beaucoup les marques spécialisées. Il y en avait pour les gants, pour les ceintures, mais pas pour les casquettes», souligne Isaac.
Ils choisissent ensuite d’attribuer à la marque le nom de famille d’Isaac, séduits par sa référence florale. «C’est le nom de ma mère, qui était fleuriste. C’était cohérent et facile», a commenté le Montréalais.
Lorsqu’ils présentent leur produit aux acheteurs en 2012, les associés se fixent l’objectif d’en vendre dans quatre boutiques. «On a vendu notre casquette, qui venait dans un seul modèle, à 30 boutiques dans 12 pays. C’était plus sérieux qu’on l’avait imaginé», relate Isaac.
Les associés ont maintenant une cinquantaine de clients à qui ils vendent environ 80 chapeaux différents. Leurs plus gros clients sont en Angleterre. Ils en ont aussi beaucoup en France et au Japon. Au Québec, on peut trouver leurs couvre-chefs dans les magasins Simons, Michel Brisson et SSENSE.
Cela fait toujours un petit velours à Isaac de croiser des gens qui portent ses créations. «C’est flatteur de voir quelqu’un qui a payé ce prix-là pour un accessoire qui vient de ma compagnie», explique-t-il.
Il faut débourser de 150$ à 200$ pour une casquette et de 400$ à 500$ pour un chapeau Larose. Laine Casentino, cachemire, feutre de lapin: les couvre-chefs sont fabriqués à partir de matières de haute qualité dans une chapellerie traditionnelle du sud de la France. «On veut qu’ils durent toute une vie et même que les gens les transmettent à la génération suivante», précise Isaac.
Le jeune créateur de 30 ans est revenu vivre à Montréal en 2013 pour accompagner sa copine Florence, qui étudie en design de mode au collège LaSalle. À distance, il réussit à s’occuper de la moitié du design et de la vente des produits. Sa copine lui donne un coup de main. Il se rend souvent dans des salons commerciaux à l’étranger. Ainsi, il ira à Florence, à Paris, à Milan, à New York et au Japon au début de 2016. Isaac compte déménager à Paris dans un an environ, lorsque sa copine aura terminé ses études, pour se rapprocher des marchés européens à développer.
Sa plus grande fierté est d’avoir créé une marque internationale sans avoir eu d’expérience préalable dans le domaine. «On a des clients fidèles. Un musicien du groupe The Roots nous a récemment acheté 11 chapeaux», se réjouit-il.
Larose Paris compte maintenant élargir son offre. «En janvier, il y aura beaucoup de nouveautés chez Larose, révèle-t-il. Mais je ne peux pas en dire plus!»
Style
Isaac Larose s’est fait remarquer par plusieurs blogues consacrés à la mode pour son look particulier.
«J’ai un style plutôt excentrique, différent de l’image de Larose, qui est plutôt classique», note Isaac.