La voie maritime en manque d'affluence
MONTRÉAL – La voie maritime du fleuve Saint-Laurent devait conclure l’année 2015 en ayant subi une baisse d’affluence des bateaux de cargaison de près de 10 pour cent, mais ses gestionnaires misent sur le phénomène météorologique El Nino et sur le renforcement de l’économie pour renverser cette tendance.
Terence Bowles, président de la direction de la Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent, avait prévu une croissance de la demande pour cette saison d’exportation, mais la voie navigable n’a pas su maintenir le redressement amorcé à la suite de la grande crise financière de 2008.
M. Bowles a confié en entrevue avec La Presse Canadienne que les gestionnaires espéraient que cet élan se poursuivrait, mais la mauvaise posture de l’économie semble avoir eu des effets sur leurs chiffres.
La glaciation prolongée des eaux a également retardé le début de la saison, ce qui a réduit l’afflux de bateaux transportant du grain, du minerai de fer et du charbon. C’est le charbon qui a accusé la plus grande baisse, chutant de presque 38 pour cent.
L’industrie du charbon est dans une période critique puisque l’Ontario et les États-Unis délaissent de plus en plus la ressource, selon M. Bowles. Les exportations vers l’Europe ont également diminué puisque les prix pour importer du charbon à faible teneur de soufre des États-Unis ne sont plus si avantageux.
Le grain a connu toutefois une bonne année, selon M. Bowles. Les volumes ont reculé de 11 pour cent comparativement à l’année 2014, tout en étant supérieurs de près d’un million de tonnes à la moyenne sur cinq ans.
Le grain de l’Ontario, qui passe par le port de Hamilton, est une ressource en croissance.
À seulement quelques semaines de la fermeture de la voie maritime, le 30 décembre, l’affluence de bateaux a diminué de 10,5 pour cent — un total de 31,5 millions de tonnes — en date de la fin du mois de novembre.
«Nous sommes un peu un baromètre de l’économie, alors je prévois que ce sera mieux l’année prochaine», a-t-il indiqué, ajoutant que la grande question était de savoir l’ampleur de la remontée.
Les météorologues estiment que l’El Nino sera particulièrement fort cet hiver. Le phénomène aura pour effet de réchauffer les eaux et d’adoucir les températures à l’est du Canada. Il y aurait donc moins de glace, ce qui pourrait assurer une ouverture plus rapide de la voie maritime. L’hiver dernier, la glace sur le fleuve avait mené à l’ouverture la plus tardive de la voie navigable depuis 1997. Cela avait mené à des retards importants pour le mois d’avril, même si le reste de l’année s’était assez bien déroulé.
Les hivers glaciaux des deux dernières années ont mis à rude épreuve le système de la voie navigable, qui ne dispose que d’un inventaire limité de brise-glaces.