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Non, le bilan médical annuel n’est pas nécessaire

Doctor or physician writing diagnosis and giving a medical prescription to female Patient Photo: Getty Images/iStockphoto

Avons-nous vraiment besoin d’un examen médical annuel? C’est un des mythes que remet en question Alain Vadeboncœur, urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal, dans son plus récent livre.

Quel mythe souhaitiez-vous déboulonner?

L’idée selon laquelle la prévention des maladies passe par un examen médical annuel. Pour une personne en bonne santé qui n’a pas de symptômes de maladie ni de changement dans son état de santé, l’examen de routine, la prise de sang avec 20 cases cochées et la batterie de tests à l’aveugle sont tout simplement inutiles.

Pourquoi ce mythe a-t-il la peau si dure?

C’est une pratique médicale qui s’est installée au fil du temps. On a longtemps cru que le suivi régulier et l’évaluation exhaustive des patients en bonne santé prévenaient les maladies. Aujourd’hui, on sait que ce n’est pas efficace.

Que dit la science à ce sujet?

Les revues scientifiques sont claires là-dessus: le check-up annuel effectué sur des personnes en bonne santé et asymptomatiques n’améliore pas la qualité de vie ni la durée de vie. Dès 2012, la célèbre revue collaborative Cochrane, la plus grande organisation médicale indépendante du monde, a conclu que le bilan de santé annuel ne sert à rien et peut même nuire légèrement à la santé. Il faut comprendre qu’un test de dépistage effectué «à l’aveugle» peut avoir des répercussions importantes: faux positifs, stress inutile, tests subséquents plus invasifs et parfois dangereux. Cette approche d’une autre époque s’avère inefficace pour améliorer l’état de santé. C’est pourquoi le Collège des médecins du Québec a aboli l’examen médical périodique en 2015.

Certains pensent que cette mesure a été adoptée pour économiser de l’argent. Est-ce le cas?

Il faut voir positivement l’abandon du bilan annuel : c’est une pratique qui n’a pas fait ses preuves. Plusieurs patients la considéraient comme une obligation contraignante. De plus, elle occupait inutilement l’emploi du temps des médecins. Le temps ainsi libéré peut maintenant être utilisé pour voir des patients qui sont malades, qui souffrent de maladies chroniques ou dont l’état de santé a changé.

Que faut-il faire pour prévenir les maladies chroniques et le cancer?

Au lieu de miser sur le dépistage «à l’aveugle», il faut miser sur la prévention des maladies: arrêter de fumer, bien manger, bouger tous les jours, maintenir un poids santé, boire de l’alcool avec modération. Ce sont les bonnes habitudes qui améliorent la qualité de vie et qui préviennent les maladies.

L’examen périodique reste-t-il une approche valable pour certaines personnes?

Bien entendu! Ceux qui ont une maladie chronique continueront à faire des examens de santé périodiques. Et ceux dont l’état de santé change devraient aussi aller consulter leur médecin, qui leur proposera parfois des tests diagnostiques. Il faut renouveler ses ordonnances, faire un dépistage d’infections transmises sexuellement si on a des comportements à risque et recevoir ses vaccins.

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