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La Havane, joyau architectural

Geneviève Décarie - Guides de voyage Ulysse

La Havane, magnifique capitale cubaine, est riche d’une architecture dont elle peut s’enorgueillir. Depuis 1993, l’Office de l’historien de la ville, sous la gouverne d’Eusebio Leal Spengler, cumule les responsabilités de la restauration et de la mise en valeur des édifices du centre historique de La Havane.

Il a transformé le quartier en un véritable musée à ciel ouvert, et les chantiers sont encore nombreux. Les anciennes demeures ainsi que les palais coloniaux ont été reconvertis en musées, en magasins et en restaurants, ou sont revenus à leur vocation première d’hôtellerie.

La société Habaguanex, créée par l’Office de l’historien de la ville, gère tous ces établissements, et les bénéfices sont utilisés pour financer de nouvelles restaurations, de même qu’ils sont aussi censés alimenter un fonds destiné au bien-être des habitants du quartier.

Le développement architectural de La Havane se lit d’est en ouest. La Habana Vieja, le Prado, le Centro, le Vedado, Miramar, chaque quartier reflète une période de l’histoire de la ville avec une incroyable fidélité.

L’âge des forteresses
Dans les premières années de la colonie, l’architecture de la ville répond avant tout à un impératif militaire. Un vaste programme de fortifications qui s’étendent sur tout le pourtour de l’île donnant sur la mer des Caraïbes,  dont Cuba est une des clés, se met en place à partir du milieu du XVIe siècle.

Le baroque
À partir du milieu du XVIIe siècle, les choses changent tranquillement. Fruits de la composante missionnaire de la colonisation, églises et couvents s’élèvent alors aux quatre coins de la ville.

Le baroque donne aux constructions de l’époque d’imposants portails qui renforcent l’image défensive de la ville. Ces portails, supports d’une riche ornementation, sont généralement flanqués d’une ou deux tours. L’église Espíritu Santo, terminée en 1640, est un bel exemple de l’architecture de cette période.

Ce style évoluera au XVIIIe siècle en un baroque plus libre, plus riche en motifs décoratifs. L’influence hispano-mauresque se fera aussi sentir dans l’édification des somptueuses demeures privées qui font progressivement leur apparition autour des grandes plazas.

L’Andalousie s’exprime dans ces maisons qui s’organisent autour d’une cour centrale, avec leurs colonnades et leurs balcons couverts qui protègent du soleil, leurs toits de tuiles rouges et leurs décorations faites de carreaux de faïence colorés, les azulejos. C’est également de cette époque que datent la plupart des édifices gouvernementaux de la vieille ville.

Néoclassicisme et art nouveau
Un peu après l’Europe, La Havane assimilera le néoclassicisme au début du XIXe siècle. Retour aux modèles de l’Antiquité oblige, les lignes se redressent, les façades s’épurent. L’urbanisme naissant organise, éclaircit. Tout le long du Paseo del Prado et autour du Parque Central, nouveau cÅ“ur de la ville, s’élèveront les chefs-d’Å“uvre du néoclassicisme cubain.

Répondant aux impératifs de la nouvelle économie du sucre et de l’essor que permet son exploitation, la plupart des nouvelles constructions seront destinées au commerce et à l’industrie. Se greffant au néoclassicisme, quelques bribes d’Art nouveau apparaissent aussi au tournant du XXe siècle.

Modernisme
Avec l’arrivée des Américains, dès les premières années du XXe siècle, la ville s’agrandit encore vers l’ouest. Les Américains et les Cubains qui en ont les moyens s’installent près de La Rampa, nouvelle avenue à la mode. Le quartier du Vedado se couvre alors de maisons qui réinterprètent le style colonial traditionnel en l’adaptant au mode de vie nord-américain par l’ajout d’éléments d’Art nouveau, d’Art déco, et même de ce style Santa Fe arrivé du sud-ouest des États-Unis. Miramar, quoique plus huppé, abondera dans le même sens.

Dans les années 1940 et 1950, les premiers gratte-ciel font leur apparition. Les éléments décoratifs s’effacent complètement de ces cons-tructions en béton armé qui se veulent le symbole même de la modernité. L’hôtel Habana Libre, anciennement le Hilton, et le Habana Riviera, cerise sur l’empire du jeu du célèbre gangster Meyer Lansky, montrent assez l’importance que La Havane entend donner au tourisme.

Architecture révolutionnaire
La Révolution a à répondre à une pénurie pressante de logements. Son architecture sera pragmatique. Dans les banlieues de la ville et de l’autre côté de la baie, son esthétisme va rarement plus loin que celui du bloc de ciment percé de fenêtres, bien qu’il y ait quelques exceptions, comme la faculté des arts plastiques de l’Instituto Superior de Arte, construit en 1961 à Miramar.

Quelques exemples concrets

  • Âge des forteresses

Conçus par un architecte militaire italien du nom de Juan Bautista Antonelli, les forts du Moro et de La Punta, construits entre 1589 et 1630, donneront à la ville son air martial.

  • Baroque

La majorité des édifices gouvernementaux de la vieille ville en sont de bons exemples.
Le Palacio del Secundo Cabo et le Palacio de los Capitanes Generales, tous deux devant la Plaza de Armas, furent construits dans la dernière moitié du XVIIIe siècle et sont de facture baroque.

  • Néoclassicisme

Le Palacio de Aldama, l’un des premiers exemples du néoclassicisme à La Havane, achevé dans les années 1840, la Manzana de Gómez, ce grand magasin terminé en 1910 en face du Parque Central, et l’Hotel Inglaterra, qui date de 1875, en sont parmi les plus beaux exemples.

  • Art nouveau

Le Gran Teatro, fleuron du Prado, réussit admirablement la synthèse du néoclassicisme et
de l’Art nouveau.

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