Yannick Nézet-Séguin: «J’ai besoin de Montréal»
Yannick Nézet-Séguin deviendra directeur musical du prestigieux Metropolitan Opera (MET) de New York à partir de la saison 2020-2021. Malgré ce poste important, le maestro assure ne pas vouloir quitter sa famille, l’Orchestre Métropolitain (OM).
Même si 2020 paraît encore loin, le travail à New York a déjà commencé pour le chef d’orchestre. «Ça travaille très à l’avance, les maisons d’opéra, rappelle-t-il. Je suis tous les jours dans la programmation pour 2020, 2021, 2022.»
Le maestro dirigera en avril Le vaisseau fantôme de Wagner au MET, puis deux opéras par an d’ici sa prise de poste complète. «Le MET est reconnu pour ses productions wagnériennes, donc ça va être un plaisir de commencer comme ça», souligne-t-il.
Grâce à des rencontres avec l’orchestre, le chœur et le directeur général, Yannick Nézet-Séguin affirme que «graduellement [sa] vision est en train de se cristalliser». «Je veux m’engager dans la création musicale de nouveaux opéras. Je veux rencontrer un compositeur avec une page blanche et qu’on monte la chose ensemble depuis le début.»
Celui qui deviendra directeur musical du MET souhaite aussi bâtir des projets avec la communauté new-yorkaise.
Toutes ces tâches s’ajoutent évidemment à celles de directeur des orchestres de Rotterdam – jusqu’en 2018 – et de Philadelphie. Pourtant, Yannick Nézet-Séguin est catégorique: il demeurera ici. «Je ne serai jamais moins à Montréal que maintenant, assure le chef. J’ai besoin de Montréal, de mon rapport avec l’OM, avec ma ville, avec ma famille, avec mes amis. Ça me ressource énormément. Je n’entrevois pas le jour où ça pourrait changer.»
«Il n’y a personne qui me connaît autant que ces musiciens-là, ça fait tellement longtemps qu’on est ensemble.» –Yannick Nézet-Séguin, à propos de l’Orchestre Métropolitain
Alors qu’il entame jeudi une 17e saison à la tête de l’OM, Yannick Nézet-Séguin sent une «unicité» toujours grandissante avec son orchestre. «La relation avec mes musiciens ici est quelque chose d’absolument unique», souligne-t-il. On voit cette connexion particulière en répétition, le chef pouvant blaguer avec les musiciens en plus de faire passer son message. «Il faut juste que vous relaxiez. Sex it up!» lance-t-il aux premiers violons à propos d’un extrait du scherzo de la Symphonie no 5 de Gustav Mahler.
Outre cette œuvre du compositeur autrichien du tournant du XXe siècle, le Concerto pour piano no 3 de Béla Bartók est au programme du premier concert de la saison qui a lieu jeudi soir. La Française Hélène Grimaud est la pianiste, elle qui était venue il y a deux ans jouer du Brahms avec l’OM. «J’ai écouté mon cœur, avoue Yannick Nézet-Séguin. J’avais envie de refaire une symphonie de Mahler avec l’orchestre, et la cinquième s’est imposée. La cohabitation avec Bartók est venue naturellement parce que c’est un concerto très contemplatif au milieu, actif, mais pas trop torturé. Ça suit bien la courbe de la symphonie de Mahler.»
Pour le reste de la saison, le directeur artistique pilotera beaucoup d’œuvres issues du romantisme et du postromantisme, dont du Rachmaninov, du Chostakovitch et du Stravinsky. «J’essaie de faire un mélange des œuvres que les gens connaissent et de choses nouvelles, dit-il. C’est à peu près tout le temps avec l’OM mes premières fois. Donc, faire mon premier Petrouchka, par exemple, avec eux cette année, ça garde une continuité.»
Grimaud et Nézet-Séguin: Passion commune
Jeudi 19 h 30
Maison symphonique