Isabelle Blais: le retour du Caïman
Après une pause de quatre ans avec sa formation Caïman Fu, la naissance d’un enfant et les questions existentielles inhérentes à cet heureux événement, Isabelle Blais savait qu’elle continuerait à faire de la musique, mais sans compromis.Lorsqu’on lui demande pourquoi elle a décidé de poursuivre l’aventure Caïman Fu, tout en lui faisant effectuer une mue avec l’album À des milles, Isabelle Blais explique que, «lorsqu’on donne naissance à un enfant, on a moins de temps et d’énergie». «On en vient à mettre le focus sur l’essentiel, dit-elle. Même si j’aimais nos pièces rock, je n’avais pas exploré suffisamment à mon goût les atmosphères musicales et vocales planantes que je désirais explorer.»
Et qui de mieux, pour accompagner le groupe dans sa mutation, que le musicien et réalisateur Carl Bastien? Un artiste bien connu de la faune musicale pour son travail avec Daniel Bélanger et Dumas. «Nous l’avons rencontré et ç’a cliqué au max. Nous lui faisions écouter plein de trucs qu’on aime. Il est parti avec ça. Plus tard, il est venu nous donner des conseils en studio. Ensuite, il nous a incités à épurer et à ajouter du piano, des claviers, de l’orgue…»
Sur ce disque, la lumineuse comédienne et chanteuse a laissé libre cours à une plume beaucoup plus intimiste. Serait-elle devenue moins pudique? «C’est vrai que je vais rarement dans ces zones. Je n’aime pas raconter ma vie, m’épancher sur mes problèmes et me complaire dans l’émotion. Je n’aime pas lorsque les autres le font, alors j’essaie de ne pas le faire. En même temps, je me suis demandé : “De quoi ai-je envie de parler?” J’étais dans une période de bilans, de constats, des remises en question sur de nombreux sujets : l’amitié, l’amour, la planète, la vie, le suicide…»
L’artiste a d’ailleurs inclus une pièce sur le suicide sur À des milles, inspirée par l’exil tragique d’un membre de sa famille. Elle a également consacré une chanson, Kiki, à la maladie mentale, choix inspiré cette fois par le rôle qu’elle a tenu dans le film Bordeline, de Lyne Charlebois, sorti en 2008. «Je n’ai pas écrit la chanson à cause du film, c’est plutôt le film qui m’a inspirée. J’avais le goût de parler de la quête d’amour perpétuelle. Cette volonté de plaire et de se faire aimer à tout prix. Ce manque tellement profond.» Une belle et planante mélancolie pour soigner ses plaies.
À des milles
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