Antoine Gratton: Ma musique en technicolor
À écouter Antoine Gratton parler de son nouvel album, on jurerait que le chanteur vient de réaliser son premier long métrage. Du propre aveu de l’auteur-compositeur, Le problème avec Antoine (en magasin dès aujourd’hui) est fortement inspiré d’une poignée de films.
«Éloi [Painchaud, le coréalisateur du CD] et moi, on a écouté beaucoup de DVD pendant l’enregistrement du disque», explique le musicien, citant notamment DeathProof, de Quentin Tarantino, L’aventure c’est l’aventure, de Claude Lelouch, et l’ensemble de l’Å“uvre de Louis de Funès.
«Ça n’avait rien à voir avec la trame sonore. On ne se basait pas sur la musique du film», précise-t-il.
En studio, les deux acolytes faisaient souvent référence à des scènes précises quand venait le temps de traduire l’esprit de la chanson.
«Avant d’enregistrer, on se disait des trucs comme : « Peux-tu jouer ça comme dans le bout de la poursuite de chars? » raconte le jeune Montréalais de 29 ans. Quand je travaille pour un autre artiste, ça m’arrive qu’on me lance : « Peux-tu jouer ça plus jaune? » Ça ne veut rien dire, mais ça veut aussi tout dire… si tu as le réflexe d’associer une image à ce que tu entends.»
Conceptuel
Antoine Gratton a poussé son amour du septième art encore plus loin. Même la pochette de sa galette reflète cette thématique, en adoptant l’allure d’un poster de film. On y décèle le nom des principaux acteurs du projet, en plus d’une brève référence au précédent CD du chanteur, sacré Album francophone de l’année au gala des prix Juno en 2006. «Des mêmes créateurs qu’Il était une fois dans l’est», peut-on lire dans le coin droit de l’image.
«Je suis un grand fan des albums concept, indique le multi-intrumentiste. Ça me fait penser aux années 1970, où c’était la mode. Dans ce temps-là, le monde écoutait vraiment les disques du début à la fin. Aujourd’hui, on dirait qu’on a moins le goût de s’asseoir sur un divan et de vivre le voyage d’un bout à l’autre. On préfère acheter les tounes une par une sur l’internet.»
En marge
Le problème avec Antoine n’a pas été créé en fonction des radios commerciales. Parmi les 16 titres du CD, seule une poignée respecte la durée habituellement privilégiée par les CKOI, Énergie et compagnie, soit entre 3 et 4 minutes. Des chansons comme La peau, La bouche et Le parfum ne franchissent pas le cap des 60 secondes.
«Il ne devrait pas y avoir de longueur définie pour une toune. Si elle dit ce qu’elle a à dire en 10 secondes, c’est correct. La seule question qu’on devrait se poser, c’est : « Est-ce que ça me fait ressentir quelque chose? »», dit le rockeur.