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Gilbert Rozon: Tout sauf beige!

Le beige, Gilbert Rozon n’en a que faire… au sens littéral comme au sens figuré. À notre arrivée dans ses bureaux du boulevard Saint-Laurent, le fondateur de Juste pour rire s’activait à chercher un coin «coloré» pour se prêter à une courte séance photo. Et ce n’est pas le choix qui manquait. Le grand manitou de l’humour québécois travaille dans une grande salle ensoleillée aux murs tapissés de peintures où le vert lime, le bleu azur, le jaune serin et le rouge écarlate s’imposent. Mais c’est finalement à côté d’une statue du frère André, l’un des nombreux objets inusités qui ornent l’endroit, que Gilbert Rozon a décidé de prendre la pose. En entrevue, le dirigeant d’entreprise se montre tout aussi coloré. «Je déteste les discours lisses», dit-il. Voyons voir…

Avez-vous craint que le gala de Jean-François Mercier et de Louis Morissette, qui avait pour thème le scandale, fasse réellement scandale avec ses blagues irrévérencieuses?
Quand on monte un spectacle, on ne censure pas les artistes. Pour moi, c’est important que le festival repousse les limites, parce qu’au cours des dernières années, avec les groupes de pression et les blogues, on a basculé dans un politically correct qui parfois me dérange. On n’ose plus rire des infirmes, des différentes communautés. Je suis d’avis que se moquer, c’est inclusif. Je viens d’une famille où on se taquinait beaucoup. C’est comme ça qu’on exorcisait nos démons : en se disant nos quatre vérités.

Le milieu de la politique vous attire-t-il?
Je trouve ça noble, la politique. Des gens qui travaillent pour un salaire de misère à servir la société, c’est beau.

Vous avez récemment déclaré que vous pourriez envisager de vous porter candidat à la mairie de Montréal en 2013. Y songez-vous sérieusement?
J’aimerais servir. Si j’en avais la chance, j’adorerais ça. Cela dit, j’ai une entreprise fabuleuse que j’aime beaucoup. Il faudrait que je commence par trouver quelqu’un qui pourrait me remplacer.

Vos déclarations défraient souvent la chronique. Prenez-vous plaisir à soulever des débats?
Je dis ce que je pense non pas pour m’illustrer ou pour prendre la place, mais pour faire avancer le débat. On ne sort pas assez sur la place publique pour dire ce qu’on pense au Québec. On préfère tenir des réunions en catimini.

Cet été, le volet des arts de la rue du festival quitte le Quartier Latin et s’installe sur la place des Festivals. Le chantier du Quartier des spectacles vous embête-t-il?
Oui, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie. On ne peut pas demander qu’on refasse la ville et qu’on lui donne un peu de beauté sans qu’il y ait des travaux.

Avec la prolifération des festivals au mois de juillet, craignez-vous que Juste pour rire attire moins l’attention?

Je m’en fous. Je souhaite seulement que l’offre soit si grande que Montréal devienne un incontournable pour les touristes nord-américains. C’est sûr qu’on va se cannibaliser pendant une certaine période de temps, mais ultimement, c’est ce qui va nous permettre d’avancer et de grandir.

Comment se déroule la vente de billets cette année?
Formidable. Mais je dois admettre qu’on travaille fort. On doit rester proche du consommateur. On ne peut pas lui demander d’hypothéquer sa maison pour venir voir un show!

En mars, on apprenait que la crise économique forçait le Groupe Juste pour rire à freiner son plan de développement à l’échelle internationale. Votre entreprise a dû mettre plusieurs projets sur la glace. À l’heure actuelle, comment vont les choses?
On réfléchit. On a beaucoup développé, et là, on va consolider. C’est important que tout ce qu’on fait, on le fasse bien.   J’ai eu moi-même besoin de prendre une pause et de me poser des questions : Qu’est-ce qu’on garde? Qu’est-ce qui est un combat inutile? Qu’est-ce qui est fondamental? C’est tellement vaste Juste pour rire aujourd’hui. On a des bureaux à Londres, à Paris, à Los Angeles… On traverse une période d’ajustement très simple, ce qui est tout à fait normal pour une entreprise.

Gala hommage
Le Festival Juste pour rire rendra hommage à Claude Meunier lundi au Théâtre St-Denis. Gilbert Rozon nous a dévoilé quelques détails de cette soirée, dont l’animation a été confiée à Stéphan Bureau.

  • Des invités de marque

Une cinquantaine d’artistes participeront au gala. «Claude va avoir un choc», prévoit M. Rozon.

  • À l’usure

Au départ, Claude Meunier était réticent à l’idée de recevoir un tel honneur. C’est après avoir accordé une Grande entrevue à Stéphan Bureau qu’il a accepté de se prêter au jeu.

  • Le sixième en lice

L’auteur de La petite vie est le sixième comique à faire l’objet d’un gala hommage, après Clémence Desrochers, Yvon Deschamps, Jean Lapointe, Dominique Michel et RBO.

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