Critiques CD de la semaine du 4 au 8 février

Cette semaine, l’équipe de Métro a écouté les derniers albums de Francine Raymond, Boogat, VioleTT Pi, Ron Sexsmith et Ballaké Sissoko.

Un beau cadeau Francine Raymond Présents du passé (4/5)

On oublie trop souvent (on s’excuse!) que Francine Raymond est un monument de la chanson québécoise. Elle nous le rappelle dans sa nouvelle compilation Présents du passé. Quel beau cadeau que cet opus qui contient ses meilleurs morceaux tirés de ses cinq albums originaux parus entre 1987 et 2002! Son riche testament musical comprend de nombreux petits bijoux, comme Vivre avec celui qu’on aime, Pour l’amour qu’il nous reste, Pense à moi ou Souvenirs retrouvés. On ne se lasse vraiment pas de réentendre de vieux succès comme Y’a les mots ou Magie noire et blanche. À quand un spectacle?

– Rachelle McDuff

¡Sí Señor! Boogat El dorado sunset (3,5/5)

Après avoir multiplié les maxis, les collaborations et les disques bilingues, voire trilingues, le chanteur et musicien latino-québécois Boogat livre son premier album intégral dans la langue de Cervantès, El Dorado Sunset. Accompagné de son acolyte de prédilection Poirier à la réalisation, Boogatovitch Goldstein – son vrai nom – prend l’essentiel de la scène hip-hop québécoise et la bonifie de sonorités latines qui ne sont pas sans rappeler Manu Chao. Le chanteur continue sa quête identitaire sans lourdeur, à travers des textes signifiants et une musique métissée. Cumbia de Las Luchas, avec Karim de Syncop, et Wow, en collaboration avec Radio Radio, valent une écoute particulière.

– Charles-Éris Blais-Poulin

Surréaliste VioleTT Pi eV (3,5/5)

D’abord, il y a cette pochette, un clown aux seins nus qui pleure sur son lit. Weird! Puis, les premiers mots arrivent à nos oreilles. «Petit singe robot, veux-tu être à moi?» Et ça continue plus loin : «Il y a des fleurs partout par terre il y a du steak partout sur ta robe.» Réaction amusée. «Quessé ça?» Il y a aussi ces influences puisées un peu partout, dans l’électro, le métal, le grunge, le rock… Conclusion : ce premier album de VioleTT Pi ne ressemble à rien d’autre. Déstabilisant à la première écoute, un peu trop parfois, la plupart des chansons de Karl Gagnon et de sa bande n’en finissent pas moins par nous avoir à force de refrains accrocheurs et de poésie iconoclaste.

– Jessica Émond-Ferrat

L’art d’être constant Ron Sexsmith Forever Endeavour (3,5/5)

Les fidèles le savent, avec Ron Sexsmith, le secret est dans la subtilité. Et les premiers morceaux de Forever Endeavour, son 13e album, ne font pas exception à la règle. Délicatement complexes et doucement rythmées, Nowhere to Go et If Only Avenue nous habitent d’emblée. Sur la plus véhémente Snake Road, Ron se confesse de son passé de mauvais garçon, accompagné par des cuivres et des claviers style piano-bar. Vers le milieu du disque toutefois, la finesse se dilue pour laisser place à des morceaux plus traînants, comme Lost in Thought ou The Morning Light qui, malgré plusieurs écoutes, peinent à convaincre. Mais un album de Sexsmith, ça reste un album de Sexsmith : bons textes, belles mélodies. De la qualité.

– Natalia Wysocka

Pour rêvasser Ballaké Sissoko At peace (3/5)

Nouvel album de ce joueur de kora d’origine malienne. On dirait que At Peace a été fait pour s’étendre paresseusement sur un sofa, fermer les yeux et rêvasser ou voyager en pensée. C’est un album instrumental calme, où les cordes – la guitare et le violoncelle s’ajoutent à la kora – et les percussions – le balafon – sont toutes douces, caressantes. La réalisation reste très simple, comme si les enregistrements avaient été effectués en direct, ce qui est un bon choix. L’album peut aussi intéresser les mélomanes avertis qui s’amuseront à analyser les partitions des différents instruments. Moment fort : l’amusante et jolie Kalata Diata.

– Eric Aussant

Évaluation: 5/5 = Sublime, 4/5 = Recommandé, 3/5 = Bien, 2/5 = Moyen, 1/5 = Sans intérêt