Osheaga, jour 3: entraînante note finale
Les amateurs de musique montréalais avaient encore droit à une journée variée en ce dimanche d’Osheaga. Métro est allé voir trois performances avant de s’abreuver du son de l’ultra-polyvalent Childish Gambino devant les édifices illuminés de Montréal.
O.G.B.
O.G.B. n’a pas de pareil sur la scène hip-hop québécoise. À Osheaga dimanche, le temps d’un set «court mais bien rempli», disait le rappeur du groupe, Franky Fade, le septuor a livré une performance des plus vitaminées au public rassemblé devant la Scène des arbres.
Fidèle à lui-même, le groupe de jazz-rap a offert à son public des explosions de rythme estivales, délivrant en 40 minutes les populaires Pousse l’ananas, Cherry Pickers et Rebondir, entre autres. Les apparitions-surprises des rappeurs ST, Bkay et Smitty Bacalley ont ajouté du soleil sous le chapiteau.
Même lors de ses passages plus doux du spectacle, des solos endiablés – à la guitare, au piano, au synthé, au saxophone… – ont transmis à la foule l’énergie bondissante des derniers gagnants des Francouvertes.
D’autant plus impressionnant que deux des musiciens avaient des plâtres au pied. «On est des cascadeurs», s’est exclamé Franky Fade. Après cette performance, on n’en doute pas. Des cascadeurs sur scène.
Mac DeMarco
Gorgées de bière entre deux couplets, jurons à profusion, cris stridents: Mac DeMarco n’a rien d’habituel. Son spectacle de dimanche a confirmé son ésotérisme.
Sauf que l’artiste d’Edmonton a aussi l’habileté de manier sa guitare avec doigté et de faire danser les foules avec ses refrains. Entre quelques «motherf*cker» bien sentis, DeMarco a tout donné sur scène – il a fini le set bien torse nu. Ses mélodies entraînantes ont offert un contraste des plus surprenants avec son état, disons, pas très à jeun.
Confortable comme peu le sont avec un public, le rocker a charmé l’immense masse qui s’était rejointe devant la Scène de la rivière. Un spectacle sérieusement charismatique de la part d’un artiste tout sauf sérieux.
Kaytranada
La réputation de Kaytranada n’est plus à faire. Ça fait des années déjà que celui a grandi au Québec illumine la métropole.
Le beatmaker a tout un CV. On le connaît pour ses contributions au répertoire d’artistes comme Syd et Anderson .Paak entre autres. Mais le natif de Port-au-Prince a plus d’un as dans sa poche. Il sait faire danser une foule, et dimanche n’était pas une exception.
Kaytranada n’a pas livré le DJ set le plus enflammé, se heurtant quelques fois à des transitions plus laborieuses, mais la qualité du répertoire est fortement venu compenser.
Un beau bonus: le frère de l’artiste, Lou Phelps, est venu entonner Come Inside, une chanson tirée de son dernier album, sur lequel Kaytranada a laissé une forte signature.
«Je n’ai jamais quitté. J’ai toujours été ici», a lancé le DJ en fin de performance. Un réel talent made in Québec dont il faudra surveiller la tangente.
Childish Gambino
Donald Glover n’est artiste musical qu’à temps partiel. Lorsqu’il n’est pas occupé à scénariser la série Atlanta ou à jouer dans Star Wars, il enfile son masque de Childish Gambino et il donne une seconde vie aux foules.
Le rappeur s’est présenté à Osheaga pour la première fois en cinq ans, dimanche, cette fois en tant que tête d’affiche. Porté par le succès interplanétaire de This is America, le polyvalent musicien avait une foule monstre à rassasier.
L’interprète de Simba dans le Roi lion est arrivé en roi, sur une plateforme surélevée en plein centre de l’Espace 67. Et il a tout donné. Armé du regard perçant qui a fait sa réputation, il a voulu faire de son spectacle une expérience transcendante.
«Pas de cellulaires, a-t-il exigé. Ce spectacle est pour nous ici.»
Bain de foules, séances de jam, feux d’artifices: Glover voulait sentir l’énergie de la foule montréalaise, et il leur a rendu à la puissance dix.
Ses productions y sont toutes passées, toutes avec plus d’énergies que celle d’auparavant: Redbone, Sober, Sweatpants… Véritable bête de scène, Gambino a offert une revue déchaînée de son répertoire inimitable.